Fil d'Ariane
Le président tunisien Kaïs Saïed propose l'introduction de taxes supplémentaires ciblant les plus riches pour permettre à l'État de se passer d'un prêt du Fonds monétaire international (FMI), dont il rejette les "diktats".
Le président tunisien le 25 juillet 2021 lors d'un discours au palais de Carthage.
Kaïs Saïed explique en recevant la cheffe du gouvernement Najla Bouden que le système de subventions aux produits de base actuellement en place bénéficiait à tous les Tunisiens, y compris les plus aisés, selon un communiqué de la présidence.
Face à cette situation, il a jugé pertinente l'idée de "prendre l'excédent d'argent des riches pour le donner aux pauvres" en reprenant une citation attribuée à l'un des premiers califes de l'islam, Omar Ibn Al-Khattab. Le président tunisien n'a pas défini le seuil de revenus ou de patrimoine définissant la richesse.
"Au lieu de lever les subventions au nom de la rationalisation, il serait possible d'introduire des taxes supplémentaires à ceux qui en bénéficient sans qu'ils en aient besoin", a-t-il ajouté, estimant qu'un tel mécanisme permettrait à l'État de ne pas se soumettre aux "diktats étrangers".
Kaïs Saïed avait déjà rejeté en avril les "diktats" du FMI qui conditionne l'octroi d'un prêt à la Tunisie à des réformes économiques et à la levée de certaines subventions étatiques.
Il n'a pas précisé dans ses déclarations de jeudi 1er juin comment d'éventuelles nouvelles taxes pourraient être introduites dans un pays où les impôts des salariés sont prélevés à la source mais où une grande partie de Tunisiens exerçant des professions libérales dans le privé ne déclarent pas leurs revenus à l'administration fiscale.
La Tunisie, endettée à environ 80% de son PIB, a obtenu un accord de principe du FMI à la mi-octobre pour un nouveau prêt de près de 2 milliards de dollars pour l'aider à surmonter la grave crise financière qu'elle traverse.
Mais les discussions sont dans l'impasse, faute d'engagement ferme du pays à mettre en œuvre un programme de réformes pour restructurer les plus de 100 entreprises publiques tunisiennes lourdement endettées et lever les subventions sur certains produits de base.
La crise économique et financière se traduit notamment par des pénuries chroniques de produits alimentaires de base sur fond de vives tensions politiques depuis que le président Saïed s'est emparé des pleins pouvoir en juillet 2021, faisant vaciller la démocratie née de la première révolte du Printemps arabe en 2011.