Tunisie : sans raison officielle, le Premier ministre Kamel Madouri limogé

Le Premier ministre tunisien, Kamel Madouri, a été limogé par le président, Kais Saied, dans la nuit de jeudi à vendredi 21 mars. Aucune raison officielle n’a été fournie pour le moment.

Image
Le président tunisien Kais Saied

Le président tunisien Kais Saied rejoint ses partisans après l'annonce des résultats provisoires des élections présidentielles, dans la capitale Tunis, Tunisie, dimanche 6 octobre 2024. 

AP Photo/Anis Mili
Partager 1 minute de lecture

Le président tunisien Kais Saied a décidé, sans fournir de raisons officielles, de limoger dans la nuit de jeudi à vendredi 21 mars le Premier ministre Kamel Madouri, un technocrate nommé en août dernier lors d'un vaste remaniement, selon un communiqué de la présidence.

M. Madouri a été immédiatement remplacé par Sarra Zaafrani Zenzri, ministre de l'Equipement, tandis que le reste du gouvernement a été maintenu, selon l'annonce officielle.

Le 6 février, le président Saied avait limogé, également en pleine nuit, sa ministre des Finances Sihem Boughdiri Nemsia, remplacée par la magistrate Michket Slama Khaldi.

(Re)lire Tunisie : 612 migrants subsahariens secourus, 18 personnes noyées

M. Saied s'était montré insatisfait ces dernières semaines de l'action de son gouvernement.

La Tunisie subit de graves difficultés économiques et financières, avec une croissance poussive de 0,4% en 2024, un taux de chômage de 16% et une dette équivalent à environ 80% de son produit intérieur brut (PIB).

Le président dispose de pleins pouvoirs lui permettant de révoquer ministres et magistrats.

En août 2024, il avait procédé à un vaste remaniement lors duquel il avait nommé M. Madouri, un ancien haut-fonctionnaire spécialiste des affaires sociales.

Il avait aussi changé 19 ministres, justifiant sa décision par "l'intérêt suprême de l'État" et des impératifs de "sûreté nationale".

Une régression des droits et des libertés

Ce changement de Premier ministre intervient dans un climat politique tendu avec des dizaines d'opposants emprisonnés, certains depuis deux ans, ainsi que des hommes d'affaires et des personnalités des médias.

À l'été 2021, Kais Saied avait limogé son Premier ministre et gelé le Parlement.

Il a depuis révisé la Constitution pour réinstaurer un régime ultra-présidentiel où il dispose de facto de tous les pouvoirs.

(Re)lire Tunisie : un procès hors norme

L'opposition et les ONG tunisiennes et étrangères déplorent depuis ce coup de force une régression des droits et des libertés en Tunisie.

M. Saied a été réélu le 6 octobre 2024 à une écrasante majorité des voix (plus de 90%) dans un scrutin marqué par une très faible participation de moins de 30%.

Très proche de l'Algérie voisine, qui soutient la Tunisie par des crédits et des envois d'hydrocarbures à prix d'ami, M. Saied a rompu il y a plus d'un an des négociations entamées avec le Fonds monétaire international (FMI) qui avait proposé un prêt de 2 milliards de dollars en échange d'une série de réformes, notamment dans les subventions étatiques aux produits énergétiques.