La Tunisie lutte contre les discriminations. Avec cette loi votée la semaine dernière et qui criminalise les propos racistes, l'incitation à la haine et les discriminations. Une loi qualifiée d'historique et qui était très attendue par la minorité noire du pays.
Jamila Ksiski est la seule députée noire du parlement tunisien. Elle reçoit ce jour-là des représentants d'une association ivoirienne. Au coeur de leur discussion, les violences que subissent régulièrement les Subsahariens, en Tunisie. Ils sont des milliers à vivre dans le pays. Jamila Ksiksi a été l'un des fers de lance de la loi contre le racisme, votée mardi. Elle en espère beaucoup et pèse ses mots.
« C'est une culture qui est ancrée dans la tête de quelques Tunisiens pour ne pas généraliser... Il y a des pratiques condamnables mais pas de la part de tous les Tunisiens. La nouvelle loi va permettre l'éveil des consciences, elle sera le point de départ pour résister à cette mentalité. Cette loi est vraiment une urgence . " Jamila Ksiski, députée du parlement tunisien d'Ennahdha
Les subsahariens ne sont pas les seules cibles d'insultes ou de violences racistes. La minorité noire tunisienne - 10% de la population - est aussi visée. Elle vit surtout ici, dans le sud du pays. Le village de "El Mdou" non loin, de la ville de Gabès compte quelques centaines d'habitants et tous disent subir des discriminations, des brimades.
Salwa, la fille d'Om El Khir, n'a pas voulu témoigner. C'est donc cette femme de près de 60 ans, qui prend sur elle et raconte
« Ma fille s'est mariée avec un blanc, il n'y a pas d'autres mariages mixtes dans cette région et même s'ils sont mariés, aujourd'hui il est toujours difficile pour la belle famille de ma fille d'accepter qu'un blanc puisse épouser une noire Ils n'ont jamais pris en compte l'éducation, la gentillesse de ma fille, son amour pour leur fils (...) " Om El Khir, mère d'une fille de couleur noire
Malgré les pressions familiales, le couple n a pas divorcé. Un enfant est né mais il ne connait pas ses grand-parents paternels, qui ont coupé les ponts. Pour Om El Khir tout comme pour nombres d'associations anti-racistes, c'est aussi par l'éducation notamment à l'école que les mentalités peuvent évoluer.