Un an après les élections, la Tunisie fait le bilan

Les dirigeants tunisiens ont plaidé pour l'appaisement dans le pays qui marquait mardi 23 octobre le premier anniversaire de l'élection de l'Assemblée nationale constituante (ANC) dans un climat de tensions croissantes émaillées de violences.
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Le développement

Kaouther Larbi - AFP
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Le président de la république tunisienne Moncef Marzouki (Photo AFP)
"Nous ne pouvons rien construire sur la base de la haine et de la remise en cause de l'autre", a souligné devant l'ANC le président Moncef Marzouki, appelant les partis à cesser de se "diaboliser" les uns les autres. 
Le Premier ministre, l'islamiste Hamadi Jebali, a appelé les forces politiques à assumer leur "responsabilité historique" et à ne pas "pousser la situation vers la crise, la surenchère et la violence". 
L'anniversaire des premières élections libres de l'histoire de la Tunisie intervient dans un climat délétère, avec notamment la mort la semaine dernière à Tataouine (sud) d'un opposant dans des affrontements entre partisans des islamistes d'Ennahda, qui dirigent le gouvernement, et leurs adversaires. 
Autre signe de ces divisions profondes, des députés d'opposition ont boycotté les discours des dirigeants tunisiens devant l'ANC. 
La principale centrale syndicale, l'UGTT, avait tenté le 16 octobre d'organiser un "dialogue national", mais Ennahda et le parti de M. Marzouki l'ont boycotté. En retour, l'opposition a rejeté la proposition du pouvoir d'organiser des élections le 23 juin 2013, et aucun calendrier pour l'adoption de la Constitution n'a émergé. 
Dans ce contexte, des renforts de l'armée et de la police ont été déployés en nombre à travers le pays où l'état d'urgence est en vigueur depuis la révolution de janvier 2011 qui a chassé du pouvoir le président Zine El Abidine Ben Ali.
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Le chef d'Ennahda, Rached Ghannouchi (Photo AFP)
"Les voix du chaos" 
Aucune manifestation unitaire pour célébrer le 23 octobre n'a eu lieu, alors qu'une partie des opposants juge que le gouvernement a perdu mardi sa légitimité, l'Assemblée ayant échoué à adopter comme promis dans un délai d'un an la nouvelle Constitution. 
Symboliquement, l'Assemblée a débattu du préambule de la future loi fondamentale, un premier débat en plénière qui ne concernait cependant pas l'organisation des pouvoirs qui est le sujet de nombreux désaccords. 
"Les voix qui parlent de la fin de la légitimité du gouvernement sont les voix du chaos", a dénoncé Rached Ghannouchi, le chef d'Ennahda, dans une déclaration à l'AFP. 
Des centaines de manifestants pro-pouvoir et d'opposition ont manifesté toute la journée devant l'ANC en s'invectivant, avant de quitter les lieux dans le calme, alors que les manifestations sont régulièrement dispersées sans ménagement ou dégénèrent en affrontements avec la police. 
Ce 1er anniversaire a aussi été l'occasion pour le chef salafiste jihadiste Abou Iyadh de s'attaquer, dans une vidéo diffusée sur internet, au pouvoir tunisien. 
"Peuple, tu commences aujourd'hui à sentir, à toucher la réalité des courants laïcs, soumis à la volonté de puissances étrangères qui veulent te contraindre à l'apostasie", a dit le chef du groupe "Ansar al-charia" (Partisans de la loi islamique), soupçonné d'avoir orchestré l'attaque de l'ambassade des Etats-Unis le 14 septembre (quatre morts). 
Enfin, Amnesty international a exprimé ses doutes sur l'engagement en faveur des droits de l'Homme des autorités tunisiennes. 
"Les progrès réalisés en matière de droits humains après le renversement de Ben Ali sont battus en brèche par l'équipe gouvernementale au pouvoir, qui suscite des doutes sur son engagement en faveur de réformes", a relevé l'ONG. 
Dans son rapport intitulé "la Tunisie, un pas en avant, deux pas en arrière" (en anglais), elle a souligné que "les restrictions à la liberté d'expression se sont durcies" sous prétexte "de maintien de l'ordre public et moral".