Fil d'Ariane
Déposées sans un mot au bord de la route.
Des jeunes filles essentiellement... âgées de 10 à 18 ans. Elles sont épuisées, parfois en pleurs, mais certaines d'entre elles comme Khadija trouvent encore la force de raconter leur calvaire.
"Le soir de l'enlèvement ils nous ont emmené dans un premier village à bord d'un canoë." dit l'ex-otage Khadija Grema, avec une surprenante lucidité. "Nous avons ensuite traversé la rivière une deuxième fois dans la nuit pour un autre village. C'est là que nous sommes restées pendant tout ce temps. Ils nous nourrissaient correctement. Ils ne nous ont jamais maltraitées. Je le jure..." souligne ensuite la jeune fille, visiblement peu impressionnée par toute l'agitation qu'il y a autour d'elle.
Paroles sous influence... impossible de le dire avec certitude. Khadija affirme en tout cas que les cinq jeunes filles mortes dans l'opération n'ont pas été tuées par leurs ravisseurs. Ce qui est sûr, c'est qu'un centaine de filles et un garçon ont survécu au rapt survenu le 19 février dernier dans cette école de Dapchi.
Government of #Nigeria Statement on the #DapchiGirls:
— Presidency Nigeria (@NGRPresident) 21 mars 2018
- Developing situation. Documentation of released girls ongoing.
- Federal Government delegation meeting with the released girls today. #DapchiGirlsAreBack #DapchiBriefing pic.twitter.com/cAWT8RQoh3
L'opération porte la signature de Boko Haram, comme il y a quatre ans, plus au sud à Chibok. Cette fois, la captivité aura été moins longue. Un mois. Le gouvernement s'en félicite. Il dit avoir privilégié les négociations. et précise sur le compte Twitter de la présidence, qu'aucune rançon n'a été versée.
Devant les micros, Lai Mohammed, le ministre nigérian de l'information le rappelle: "Nous nous sommes entendu pour qu'il n'y ait aucune confrontation, et c'est cette promesse de trêve qui a facilité ces libérations. Gardez à l'esprit que la vie de ces enfants vaut davantage que toute victoire militaire..."
Des libérations qui ont commencé en pleine nuit vers 3h du matin et qui se sont poursuivies tout au long la journée, sous les yeux de proches, parfois médusés par ce dénouement.
Aliyu Maina est le père d'une ex-otage. Sa fille est sain et sauve. Mais sa nièce a eu moins de chance. Lui, a été impressionné par l'attitude des rebelles.
"J'ai vu de mes propres yeux, 11 véhicules de Boko Haram. Les enfants étaient à l'intérieur. Une fois sur la route goudronnée, les rebelles se sont arrêtés, ont bloqué le passage et n'ont parlé à personne", dit-il. "Et avant de les relacher, ils ont juste crier "Allah Akbar !"" ajoute-il
Des véhicules tout terrain des jihadistes qui repartiront donc sans être inquieté.
Pour l'heure, le plus difficile commence pour ces rescapés. Certains d'entre eux sont déjà en observation à l'hôpital de Dapchi. Un premier pas vers leur reconstruction.