"Plus de 90% des biens culturels de l'Afrique sont en dehors du continent" a affirmé Aminata Traoré, ancienne ministre malienne de la Culture. De nombreuses oeuvres ont effectivement été pillées au moment de la période coloniale. En France, le gouvernement a nommé deux personnalités pour penser et encadrer le processus de restitution d'oeuvres d'art aux pays africains.
Bénédicte Savoy, universitaire et historienne de l'art et Felwine Sarr, universitaire et écrivain sénégalais sont en charge de ce projet. Ils étaient les invités du Journal Afrique de TV5MONDE.
Dans un premier temps, les deux universitaires ont pour mission de lister les oeuvres des collections nationales qui auraient été pillées.
Nous allons faire une cartographie, un atlas de ces oeuvres de provenance africaine et lorsque l'on saura combien d'oeuvres il y a et de quel pays elles viennent, on ira au contact d'acteurs dans ces pays pour voir comment ils envisagent la reprise, de ces oeuvres. Bénédicte Savoy
Les pays africains, notamment le Bénin, ont longtemps demandé que ces restitutions soient mises en place. C'est la première fois que la France accepte, mais ce projet soulève des problèmes d'ordre juridique et technique. Pour cela la juridiction française doit être changée. Les deux experts soulignent l'importance de mettre en place un groupe de travail paritaire.
Il faut qu'on regarde tous les points de vue et toutes les problématiques, vues d'ici et du continent. On ira sur le continent, rencontrer des acteurs sur place car rien ne pourra se faire sans eux. Felwine Sarr
Pour les deux universitaires mandatés pour cette étude, il est important de ne pas donner l'impression que le projet est réalisé dans un rapport asymétrique ou irrespectueux.
Dans la symbolique, lorsqu'on restitue on accepte qu'on a fait subir un préjudice à des peuples, et qu'on leur rend des biens qui leur appartenaient. C'est important sur le plan symbolique. Il ne faut pas le minorer en disant qu'ils sont incapables de s'occuper de leur biens. Felwine Sarr