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© TV5MONDE / Reportage à Adiaké (Côte d'Ivoire) de Ange-Herman Gnanih
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Vidéo - Côte d'Ivoire : les négociations continuent avec les militaires mutins d'Adiaké

Le gouvernement ivoirien cherche à désamorcer une mutinerie de militaires des forces spéciales, dernier épisode d'une série de soulèvements dans les forces armées qui font craindre un retour du pays dans l'instabilité qui l'a longtemps miné.
Malgré l'ouverture de discussions avec les mutins, les autorités ivoiriennes ont condamné la mutinerie des Forces spéciales basés à Adiaké (90 km à l'est d'Abidjan), où un calme très précaire était revenu.

"Le gouvernement (...) condamne et déplore ces formes violentes de revendication", a déclaré le ministre de la Communication Bruno Nabagné Koné, à l'issue du Conseil des ministres, évoquant "une attitude malheureusement récurrente ces derniers temps". Un convoi de mutins a quitté la ville d'Adiaké pour Abidjan, où une rencontre avec le ministre ivoirien de la Défense, Alain Richard Donwahi, est prévue.

A Adiaké, la situation était incertaine en fin de journée, l'entrée de la petite ville côtière était toujours contrôlée par les mutins dont la plupart portait des cagoules. Ils ont refoulé des journalistes qui tentaient d'y accéder. 

"On ne peut rien vous dire, a déclaré un mutin à un journaliste de la radio ivoirienne, les revendications sont déjà sur la table de notre hiérarchie. Les autorités savent ce qu'on veut".

Les Forces spéciales ivoiriennes, une unité d'élite de l'armée, directement impliquées dans la sécurité proche du président ivoirien Alassane Ouattara ont déclenché un soulèvement pour "réclamer des primes".

Mardi, des membres de ces forces ont occupé, en tirant en l'air, les rues d'Adiaké, siège d'une base militaire à une trentaine de km à vol d'oiseau de la frontière avec le Ghana. Selon le gouvernement, deux civils ont été blessés.

Ce coup de colère des soldats des forces spéciales intervient près d'un mois après une mutinerie d'anciens rebelles intégrés dans l'armée, qui avaient paralysé plusieurs villes pour réclamer le paiement de primes.

Coup de colère

                  
En satisfaisant à leurs revendications, via le versement de primes à 8.500 de ces membres de l'ex-rébellion ivoirienne ayant contrôlé le nord du pays entre 2002 et 2011, les autorités avaient provoqué la colère de militaires et gendarmes non concernés par cet accord financier, qui s'étaient à leur tour mutinés. Des affrontements avaient fait quatre morts à Yamoussoukro (centre).

Les autorités avaient ramené le calme en promettant "d'améliorer les conditions de vie" de toutes les forces de sécurité.

Fin janvier, le président ivoirien avait nommé quatre anciens chefs de l'ex-rébellion qui avait secoué la Côte d'Ivoire de 2002 à 2011 à des postes de commandement pour conforter ce retour des militaires dans les casernes.

"La situation est inquiétante parce que l'armée est contrôlée désormais par des ex-chefs rebelles", a déploré l'analyste ivoirien Jean Alabro. Pour lui, M.Ouattara a "ouvert la boîte de Pandore en satisfaisant à ces revendications à la canonnière".

Lundi, "Sam l'Africain", le président de la Nouvelle alliance de la Côte d'Ivoire pour la patrie (Nacip), un petit parti de Côte d'Ivoire avait alerté sur "une crise à venir dans l'armée ivoirienne". "Comment donc des soldats de carrière bien formés à la discipline militaire pourront-ils respecter cette nouvelle hiérarchie ?", s'était-il interrogé lors d'une conférence de presse.

La Côte d'Ivoire a lancé en 2016 une ambitieuse loi de programmation militaire jusqu'en 2020, qui prévoit la modernisation et des achats d'équipements pour 1,2 milliard d'euros et une refonte des effectifs.