La France demande au gouvernement de la République démocratique du Congo de faire "au plus vite la lumière" sur une vidéo mettant en cause l'armée congolaise dans un massacre de civils dans une province théâtre d'une rébellion.
"Nous exhortons les autorités congolaises à faire au plus vite la lumière sur ces agissements inacceptables et à identifier les responsables, qui devront répondre de leurs actes", a déclaré le porte-parole du ministère français des Affaires étrangères, Romain Nadal, dans un communiqué publié ce lundi 20 février 2017.
La vidéo, diffusée sur internet, montre "des membres présumés des forces armées de la République démocratique du Congo se livrant à des exécutions extrajudiciaires contre la population civile, y compris des femmes et des enfants, dans la région du Kasaï", au centre du pays, relève-t-il.
Condamnation de la France
La France "condamne les violences meurtrières" dans cette région et appelle les autorités et l'armée congolaises à "assumer leur responsabilité première de protection des populations civiles, dans le plein respect des droits de l'homme", poursuit le porte-parole.
Samedi, après la diffusion sur les réseaux sociaux d'une vidéo non authentifiée mettant en cause l'armée dans un massacre de civils au Kasaï, le gouvernement congolais avait qualifié de "montage" ce film tourné selon un plan-séquence unique avant de reconnaître que des soldats congolais avaient pu commettre des "excès" en réprimant la rébellion Kamwina Nsapu, qui déstabilise le sud de la province du Kasaï central depuis septembre 2016.
A en juger par sa qualité, cette vidéo semble avoir été tournée à l'aide d'un téléphone portable par un membre d'une unité militaire de huit soldats en treillis parlant lingala (la langue officielle de l'armée congolaise) et swahili (langue parlée dans l'Est du Congo).
Un montage selon les autorités
Elle montre le petit détachement marcher sur un chemin vers un groupe de personnes à quelques dizaines de mètres chantant en tshiluba (langue parlée au Kasaï) "Notre terre, notre terre".
Puis un ordre : "Avancez ! tirez !". Le peloton ouvre alors un feu nourri, puis les militaires s'avancent et achèvent plusieurs personnes gisant au sol, parmi lesquelles trois femmes.
La vidéo montre pas moins de vingt cadavres.
Le Kasaï est le théâtre depuis septembre 2016 d'une rébellion provoquée par un conflit entre le pouvoir central et un chef coutumier local, Kamwina Nsapu, tué en août lors d'une opération militaire.
Dans un communiqué, le gouvernement avait annoncé qu'un officier et un sous-officier répondaient "
d'ores et déjà devant la justice militaire" de ces "
excès" ou "
abus", sans préciser devant quelle juridiction, ni les charges retenues contre eux.
"
Il ne s'agit nullement de poursuites pour crimes de guerre ou crimes contre l'humanité tels qu'on voit dans ce grossier montage d'une vidéo largement partagée sur les réseaux sociaux pour accuser faussement les FARDC" (Forces armées de la RDC), a déclaré à l'AFP le porte-parole du gouvernement congolais, Lambert Mende.