Fil d'Ariane
Un Sit-in en blouse blanche, on s'asseoit, on discute, on accroche ses brassards. Les uns se disent médecins en grève, d'autres médecins en colère.
Ils sont plusieurs centaines réunis devant le Centre hospitalier Mustapha Bacha, dans le centre d'Alger. Tous de jeunes médecins, diplomés de médecine générale et en phase de spécialisation.
Ici on les appelle les "résidents", l'équivalent des internes en France. Deux mois déjà qu'ils sont en grève. Ils ont même boycotté leurs examens de fin d'études.
Les personnes concernées doivent comprendre que les résidents sont arrivés à un point de non retour, le message il est clair, on n'a pas l'intention de revenir en arrière, nos revendications sont claires et elles l'ont toujours été depuis le début.
Zahra Afiri, résidente ORL
Parmi leurs demandes, la fin du service civil, qui les oblige à exercer en province pendant un à quatre ans, en plus de leur service militaire.
C'est anticonstitutionnel de demander aux médecins spécialistes d'assurer ce service civil et service militaire sachant qu'ils sont les seuls concernés dans la population.
Dr Yassine Balhi
Autre demande : des incitations financières pour exercer dans des régions plus isolées, notamment dans le sud du pays. Le docteur Boutaleb Hamza raconte : "les médecins qui viennent de finir leurs études sont obligés d'aller exercer dans plusieurs régions du pays, le Sahara, les hauts plateaux ou même sur les régions côtières, le médecin se retrouve alors seul face au malade, sans les outils nécessaires pour exercer son métier."
Au total, ce sont 13.000 médecins résidents qui font grève à travers le pays, tout en assurant le service minimum et les gardes dans les hôpitaux algériens.
Un tribunal d'Alger a déclaré mercredi 24 janvier "illégale" la grève des médecins en formation de spécialisation, dit "résidents", alors que grévistes et responsables étaient réunis pour négocier, a rapporté l'agence d'Etat APS. Le tribunal a également "ordonné l’évacuation des lieux occupés par les grévistes", a indiqué l'APS, sans autre précision. Cette décision oblige théoriquement les grévistes à reprendre le travail, sous peine d'être en situation d'"abandon de poste" et passibles de sanctions disciplinaires. (AFP)