Fil d'Ariane
D'une des huttes du village, les Maliens font sortir un homme qu'ils considèrent comme suspect. Il leur semble étranger au village.
"Les peaux rouges", c'est le surnom donné aux Touareg, qui, depuis 2012 continuent d'être regardés avec suspiscion et d'être assimilés aux rebelles combattants, en particulier par l'armée malienne. "Certains réflexes ont la vie dure", observe le capitaine Nicolas. Finalement, le doute sera rapidement levé sur l'identité du suspect.
Après la prise du Nord du pays par les groupes djihadistes, l'armée malienne a été critiquée pour des représailles violentes. Aujourd'hui, une nouvelle génération d'officiers qui n'a pas vécu ces évènements sur le terrain, réapprend à adopter des comportements mesurés. L'opération "Soudou Baba", une mise en pratique des formations délivrées par les Français aux Maliens, touche à sa fin.
Tous les soirs, chacun doit prendre soin du matériel qui souffre de la chaleur et du sable. Le confort du soldat passe après l'entretien du matériel.
Mais ce soir-là, alors que les militaires s'apprêtent à dormir, un incident intervient.
" Tout le monde reste en alerte maximale ", lance le capitaine Nicolas.
Quatre pick-ups ont été repérés dans les environs, se dirigeant tout droit sur la base avancée. Les soldats français ont largement la puissance de feu pour répliquer en cas d'attaque mais ils craignent que la cible du raid soient les forces maliennes, installées à quelques centaines de mètres du campement français et beaucoup moins armées.
Deux fusées éclairantes sont tirées autour du camp, qui mettront fin au doute. " C'est fini, fin d'alerte... C'est de la population civile qui s'est rapprochée à la faveur de la nuit, des mouvements des troupeaux, donc je fais redescendre en pression le dispositif pour que les gens reprennent un cours normal ce soir, tout en restant en alerte ", explique à notre équipe le capitaine Nicolas.
Un avertissement sans frais donc pour des soldats qui doivent rester alertes chaque jour face à un ennemi discret, fondu dans un espace considérable. La force conjointe du G5 Sahel annoncée en février dernier, dont l'effectif pourrait atteindre 5000 hommes, devra s'approprier ce terrain et le quadriller pour empêcher que de nouveaux sanctuaires terroristes voient le jour.
-> Vidéo - En immersion avec la force Barkhane au Mali (1/3)
-> Vidéo - Mission de renseignement avec la force Barkhane au Mali (2/3)