C'est à la télévision nationale que la nouvelle a été annoncée ce vendredi, l'état d'urgence a été réinstauré par le gouvernement ethiopien, six mois après la levée du précédent, et cette loi d'exception devrait durer six mois à dixmois.
Une annonce qui intervient au lendemain de la démission du Premier ministre Hailemariam Dessalegn.
Pourtant, du fait de l'état d'urgence M. Hailemariam devrait encore rester en place tant qu'un remplaçant ne lui sera pas trouvé. Mais sous le régime d'état d'urgence le pouvoir est exercé par "poste commandement militaire" constitué du ministre de la Défense, le vice-premier ministre, les chefs des armées et des renseignements et à donc sa tête le premier ministre démissionnaire.
Pour le conseil des ministres ce retour à la loi d'exception vise à prevenir les manifestations anti-gouvernementales qui ont récemment agité le pays. Les autorités disent vouloir éviter de "nouveaux affrontements sur des lignes éthniques" et ainsi protéger l'ordre constitutionnel.
Le mouvement de protestation a l'origine de cette crise politique avait débuté fin 2015 au sud et à l'ouest du pays, avant de s'étendre à d'autres régions. Des manifestations qui dénonçaient une limitiation des libertés individuelles et un déséquilibre dans le partage des richesses. Mais c'était surtout un moyen pour les éthnies Oromo et Amhara d'exprimer leur frustration face à la minorité des Tigréens, majoritaires au sein du Front démocratique révolutionnaire des peuples éthiopiens (EPRDF), la coalition au pouvoir.
Selon la Commission éthiopienne des droits de l'homme, liée au gouvernement, la répression du mouvement avait fait au moins 940 morts. Un état d'urgence fut alors instauré d'octobre 2016 à août 2017 et la police procéda alors à plusieurs milliers d'arrestations.
Pourtant depuis janvier le gouvernement semblait adopter une stratégie de conciliation et de réformes. Plus de 6000 prisonniers politiques ont été amnistié, des journalistes et des figures de l'opposition comme Bekele Gerba.
En attendant, le nouvel état d'urgence doit encore être approuvé par le parlement dans les 15 jours à venir et une commision d'enquête est aussi censée vérifier sa mise en oeuvre. D'ici là toute manifestation est interdite dans le pays, tout comme les publications et les écrits incitant à la violence.