"J'ai assisté à une livraison d'armes de la France aux génocidaires", témoigne Guillaume Ancel sur le plateau de TV5MONDE, ce mercredi 28 juin. (Voir son interview en intégralité ci-dessus). Cet ancien Lieutenant-Colonel de l'armée française - auteur de Vent glacial sur Sarajevo (Editions Les Belles Lettres) - a ajouté qu'il aurait "dû témoigner avant". Ses propos viennent appuyer les révélations du journaliste Patrick de Saint-Exupéry.
Ce dernier signe une enquête sur le rôle joué par la France dans le génocide qui a coûté la vie à près de 800 000 Rwandais, en majorité tutsis, en 1994. Le co-fondateur de la revue XXI s'appuie sur le témoignage d'un ancien haut-fonctionnaire ayant eu accès aux archives de la présidence au sujet du conflit. Des documents déclassifiés depuis 2015.
Dans un article intitulé " Réarmez-les ", il affirme que les autorités françaises auraient sciemment donné l'ordre de réarmer les génocidaires hutus alors mis en déroute, au moment où ils cherchaient à rejoindre le Zaïre (actuelle République démocratique du Congo).
Sur le plateau du Journal de l'Afrique, le journaliste a affirmé que c'est bien Hubert Védrine, alors Secrétaire général de l'Elysée sous François Mitterand qui a signé l'ordre de mission autorisant le réarmement des forces hutus alors même que le pays était soumis à un embargo de l’ONU sur les armes.
Hubert Védrine a rejetté en bloc le travail du journaliste. Pour l'ancien Secrétaire général de l'Elysée, la France n'aurait fait qu'honorer ses accords avec un pays francophone allié.
Mardi 27 juin, Michel Robardey - ancien gendarme français ayant servi au Rwanda - publie sur son blog hébergé par Mediapart ce qui est présenté comme un communiqué de presse du Général Lafourcade. Cet ancien Commandant de l’opération Turquoise au Rwanda assure, dans ce texte, n'avoir jamais reçu d'ordre de livrer des armes aux génocidaires.
Après ces révélations et réactions, nouveau rebondissement ce jeudi 29 juin. Trois associations françaises déposent une plainte contre la banque française BNP Paribas pour "complicité de génocide, de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité". Elles l'accusent d'avoir permis de financer une vente d'armes de 80 tonnes livrées en juin 1994 au Zaïre (actuelle République démocratique du Congo) non loin de la frontière rwandaise, qui auraient servi aux génocidaires.
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