Fil d'Ariane
À l'hippodrome de Ndjamena, les cavaliers qui galopent sur les terrains vagues et poussiereux cohabitent avec des véhicules blancs garés en bordure de piste.
C'est dans l'un d'entre eux, que Saleh apprend à conduire.
Saleh est, ce que l'on appelle sur place, un apprenti stagiaire.
Dans l'habitacle, après avoir bouclé sa ceinture et reçu les dernières consignes du moniteur, il se lance. Les véhicules d'apprentissage sont ici des véhicules ordinaires, non dôtés d'un double jeu de pédales.
La conduite de Saleh est hésitante, les mains pas forcément bien placées sur le volant, mais surtout, l'apprenti-conducteur a bien conscience qu'il passe son brevet de formation dans des conditions douteuses.
"Je ne suis pas allé dans une auto-école. Pourquoi? Parce que c'est cher et ça prend trop de temps" dit-il. Saleh le sait, la crise économique est passée par là. Et tant pis si avec la filière libre, il n'apprend qu'à diriger le véhicule, et pas grand chose du code de la route.
Une formation express donc qui permettra dans un second temps à Saleh de partir loin de la capitale pour obtenir son permis... Il lui coûtera grand maximum 75.000 francs CFA. La pratique de plus en plus répandue... selon les services de la Brigade routière.
"Depuis la décentralisation du système, les gens préfèrent plutôt envoyer en province car en dans deux trois jours vous pouvez posséder le permis de conduire." indique un brin désabusé, Didjeina Bessadbaye, le commissaire principale de la Brigade routière.
Car pour passer le permis en province, le service public "Surface et conduite" n'exige pas une formation délivrée par les auto-écoles agréées, à savoir, celles qui font payer 50.000 francs CFA, l'heure de conduite. Ces établissements agrées qui crient au scandale
En attendant sur les terrains vagues de l'hippodrome, les moniteurs du circuit parallèle accueillent encore et toujours plus de candidats. Le tout sous les yeux de la Brigade routière qui ne semble pas disposée à agir pour l'instant.