Fil d'Ariane
Le gouvernement tunsien a validé ce prolongement pour seulement quelques mois, jusqu'au 31 décembre 2018.
L'instance Vérité & Dignité va contituer à travailler à la constitution de dossiers de violations des droits humains, sous Bourguiba et Ben Ali.
Les victimes rescapées des tortures de l'ancien régime restent sur leurs gardes. Elles sont des dizaines à camper, jour et nuit, devant les locaux de l'IVD à Tunis. Elles se méfient d'un éventuel tour de passe-passe qui mettra fin au processus de réhabilitation.
Sihem Ben Sedrine, présidente de l'Instance Vérité et Dignité (IVD), elle, est confiante. Elle ne cèdera pas aux pressions, et affirme que l'instance fera son travail. Pour montrer les avancées, elle s'appuie sur le procès Kamel Matmati.
À la fin du mois dernier à Gabès, dans le sud du pays, le procès de ce militant islamiste mort sous la torture en 1991 s'est ouvert.
13 personnes sont accusées, dont Zine El Abidine Ben Ali, président de la République à l'époque, et réfugié en Arabie saoudite depuis 2011. Aucun des prévenus n'a daigné se présenter.
La question se pose. L'IVD dispose t-elle d'un vrai pouvoir ou est-ce une coquille vide ? La société civile s'inquiète. "Dès la seconde où on a commencé la mise en place, de ce processus de justice transitionnelle, il a été en péril. C'est un combat de tous les instants. C'est une guerre d'usure, en fait", souligne la juriste Farah Hached.
Avec ce procès Matmati, l'IVD entend néanmoins rétablir la vérité sur les années de dictature et de rendre justice aux victimes.
Treize chambres spécialisées ont cependant été créées dans le pays pour juger ces cas, mais depuis le 31 mai 2018, l'instance est privée de nouveaux budgets,. Mécaniquement, cette situation met en péril son efficacité.