Fil d'Ariane
À Amanskrall, une ville de 123 000 habitants, l'eau du robinet est devenue une source d'inquiétude majeure. Chaque matin, Eni, une résidente, remplit des seaux d'une eau dont la couleur douteuse dissuade toute consommation. Cette eau, impropre à la consommation, est réservée aux tâches ménagères et à l'hygiène personnelle. Depuis une décennie, Eni a cessé de boire cette eau, décrivant parfois une odeur nauséabonde qui la rend inutilisable même pour laver les vêtements.
En 2023, Amanskrall a été le théâtre d'une épidémie de choléra dévastatrice, causant 30 décès. Cet événement tragique a mis en lumière la dégradation alarmante de la qualité de l'eau fournie par le système de distribution publique. En réponse, les autorités ont entrepris la construction d'unités temporaires de traitement des eaux usées, un projet d'un million de rands. La première phase, prévue pour fin novembre, devrait permettre à certains quartiers d'accéder à une eau propre, bien que temporairement.
En attendant la réhabilitation complète de la station d'épuration, les habitants doivent se contenter des citernes fournies par la ville ou de l'eau des forages privés. Cependant, les familles les plus démunies, comme celle d'une mère de cinq enfants ayant perdu sa propre mère lors de l'épidémie, n'ont d'autre choix que de consommer l'eau du robinet, faute de moyens pour acheter de l'eau potable.
Amanskrall n'est pas un cas isolé. Selon le ministère de l'Eau et de l'Assainissement, plus des deux tiers des stations d'épuration du pays sont dans un état critique. Pour sensibiliser la population et faire pression sur les autorités, une ONG encourage les Sud-Africains à tester eux-mêmes la qualité de leur eau. Un test simple permet de détecter la présence de bactéries, révélant ainsi l'ampleur de la pollution.
La pollution de l'eau a des répercussions directes sur la biodiversité locale, menaçant 60 % de l'écologie des rivières. Les scientifiques avertissent que si des mesures ne sont pas prises rapidement, certaines rivières pourraient être irrémédiablement perdues, posant un risque majeur pour la santé publique et l'environnement.