Fil d'Ariane
Depuis près d'un an, Mariama Cissé, ancienne athlète de l'équipe nationale ivoirienne de taekwondo, attendait avec impatience le jour du procès d'Atada Tadjou, ancien entraîneur de l'équipe.
Accusé de harcèlement sexuel, ce dernier aurait écarté Mariama des compétitions après qu'elle ait refusé ses avances. Ce procès, bien que reporté, marque un tournant dans la lutte contre le harcèlement dans le sport en Côte d'Ivoire.
Lors de l'audience, Mariama Cissé a eu l'occasion de témoigner brièvement, exprimant un sentiment de soulagement d'avoir pu partager son histoire devant le juge. "Parler devant le juge m'a fait beaucoup de bien", a-t-elle confié. Bien qu'elle n'ait pas pu tout raconter, elle estime que son message a été compris. À ses côtés, Audrey, une amie et ancienne pratiquante de taekwondo, a également témoigné, bien qu'elle n'ait pas porté plainte. Elle a raconté les humiliations subies, qui l'auraient poussée à abandonner le sport.
L'absence de Maître Atada Tadjou à l'audience a conduit au report du procès au 13 décembre prochain. La Fédération ivoirienne de taekwondo, qui s'est constituée partie civile, a suspendu l'entraîneur dès qu'elle a eu connaissance des faits et a porté plainte. Cependant, cette affaire a révélé une crise interne au sein de la Fédération, qui doit désormais faire face à des critiques sur son manque de soutien aux victimes.
Les autorités ivoiriennes affirment prendre le problème au sérieux, prônant une tolérance zéro envers les violences basées sur le genre.
Cependant, la Ligue ivoirienne des droits des femmes, qui soutient Mariam, estime que les mesures actuelles sont insuffisantes. "Dire aux femmes de parler, c'est bien, mais quel accompagnement leur est proposé ensuite ?", s'interroge la Ligue, soulignant le manque de soutien juridique de la part de la Fédération.
Mariama Cissé a repris le taekwondo et espère que son histoire encouragera d'autres femmes à dénoncer de tels agissements. Elle a reçu de nombreux témoignages de soutien de la part d'autres personnes ayant vécu des expériences similaires. "Il faut que ça s'arrête", insiste-t-elle, déterminée à mettre fin à ces pratiques.