Dans le nord du Mozambique, la ville de Palma a été le théâtre d'une des plus violentes attaque terroriste du pays depuis des décennies, orchestrée par les djihadistes affiliés à l'État islamique. Ce drame, survenu il y a cinq ans continue de hanter les survivants et de soulever des questions cruciales sur la sécurité des projets industriels dans des zones instables.
Les événements tragiques de Palma ont débuté par une attaque brutale des Chebabs, un groupe djihadiste, qui a semé la terreur dans la région. Le bilan de ce massacre reste encore inconnu. Une enquête menée par un journaliste d'investigation britannique a pourtant fait état de plus de 1 400 morts. Des milliers de personnes ont fui dans la panique, cherchant désespérément à échapper à la violence.
Parmi les survivants, Nelson raconte son calvaire : "Nous nous sommes réfugiés à l'intérieur de l'hôtel Amarula, encerclés par les Chebabs. Après quatre jours sans manger, nous avons décidé de fuir dans la brousse." Ce témoignage poignant illustre la terreur vécue par les habitants de Palma.
Non loin de Palma se trouve le site gazier d'Afungi, un projet colossal impliquant des multinationales telles que Total et Exxon. Découvert en 2010, ce gisement gazier est l'un des plus importants au monde, avec des investissements colossaux de vingt milliards de dollars par Total et trente milliards par Exxon.
Cependant, cette région est également l'une des plus dangereuses de la planète, avec une menace djihadiste récurrente, ce qui soulève des questions sur la sécurité des travailleurs et des infrastructures.
Face à cette tragédie, certains survivants, dont le sud-africain Nicholas Alexander, ont décidé de porter plainte contre TotalEnergies. Ils accusent l'entreprise de ne pas avoir suffisamment sécurisé ses sous-traitants et de ne pas avoir mis en place des plans d'évacuation adéquats.
En mars 2021, il vivait depuis sept mois à Palma à l'hôtel Amarula. Il travaillait avec Total depuis 2013, pour construire les bâtiments Afungi. Il a réussi à survivre, livré à lui-même avec d'autres employés : "Nous étions 160 là-dedans, et nous n'avions nulle part où aller. Les gens attendaient de l'aide mais personne n'était là." Après quatre jours d'enfer, ils ont décidé de fuir en voiture comme ils pouvaient. Il a vu des amis mourir autour de lui. "Porter plainte est la seule bonne chose à faire. Beaucoup de gens sont morts. Nous voulons des réponses sur pourquoi il n'y a pas eu d'effort pour nous sauver", déclare Nicholas Alexander, déterminé à obtenir justice pour ses collègues disparus.
L'ouverture d'une information judiciaire est perçue comme une avancée positive par les plaignants et leur avocat. Ils espèrent que cette enquête permettra de faire la lumière sur les responsabilités de chacun dans cette tragédie. Des mois d'enquête et de bataille judiciaire restent à venir pour faire la lumière sur ses évènements et déterminer les responsabilités.
Dans un communiqué, TotalEnergies a exprimé sa volonté de coopérer pleinement avec l'enquête. L'entreprise "rejette fermement les accusations portées contre elle et rappelle l'aide d'urgence que les équipes ont apportée et les moyens qu'elles ont mobilisés afin de permettre l'évacuation de plus de 2 500 personnes du site d'Afungi".
La prochaine étape judiciaire consistera en la désignation d'un juge d'instruction pour mener l'enquête.