Niger : le pays quitte la force anti-djihadiste du lac Tchad

Quatre jours après avoir été proclamé président de la République, le général Abdourahmane Tiani a pris une décision majeure en retirant le Niger de la force multinationale mixte (FMM) opérant dans la région du lac Tchad. Cette décision marque un tournant dans la stratégie de lutte contre le djihadisme dans la région, alors que le Niger annonce vouloir renforcer la sécurité de ses sites pétroliers situés dans le nord du pays.

Le gouvernement de Niamey a déclaré son intention de poursuivre la lutte contre les groupes djihadistes sous une nouvelle opération baptisée "Nalewa Dolé", qui signifie "honneur obligatoire" en français. Cette initiative vise à concentrer les efforts du Niger sur la protection de ses ressources stratégiques tout en continuant à combattre les menaces djihadistes.

La FMM, créée en 1994 par le Nigeria pour lutter contre le banditisme armé transfrontalier, a été réactivée en 2015 pour faire face à des groupes djihadistes tels que Boko Haram et l'État islamique en Afrique de l'Ouest. Ces groupes opèrent principalement dans le bassin du lac Tchad, une région stratégique à la frontière du Nigeria, du Tchad, du Cameroun et du Niger. Le retrait du Niger, l'un des principaux contributeurs militaires de la FMM, représente un coup dur pour cette coalition.

La FMM a souvent été critiquée pour son manque de coordination opérationnelle. Selon Sedi Kaba, l'absence de continuité dans les actions de la force est une faiblesse majeure, car les troupes engagées ne sont pas exclusivement dédiées à la lutte contre Boko Haram. En outre, des tensions entre les États membres ont exacerbé les difficultés de la FMM. En 2024, le Tchad avait déjà menacé de se retirer après avoir perdu une quarantaine de soldats lors d'une attaque.

Depuis l'arrivée au pouvoir des putschistes au Niger en 2023, les relations avec le Nigeria se sont détériorées. Le Niger a accusé le Nigeria d'abriter des troupes étrangères visant à le déstabiliser, une accusation que le Nigeria a niée, mais qui a conduit à une interruption temporaire de leur coopération militaire.