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RD Congo : les pêcheurs du lac Kivu face à l'insécurité nocturne

Dans le Sud Kivu, les activités de pêche tournent au ralenti depuis la chute de Bukavu en février dernier. En cause : l'insécurité nocturne. Certains pêcheurs sont donc au chômage forcé, de peur d'être confondu avec des voleurs et d'être lynchés. D'autres poursuivent tant bien que mal, mais leur production a baissé.

Dans l'est de la République démocratique du Congo, l'insécurité croissante affecte tous les aspects de la vie quotidienne, y compris la pêche sur le lac Kivu. Autrefois source de revenus stable pour de nombreux habitants, la pêche est aujourd'hui confrontée à de nombreux défis, mettant en péril la subsistance des pêcheurs et des commerçants locaux.

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Des nuits de pêche écourtées

Traditionnellement, les pêcheurs du lac Kivu pouvaient compter sur des nuits de travail prolongées pour capturer le Sambaza, un petit poisson très prisé dans la région. Mais les menaces d'attaques armées et de vols les obligent désormais à écourter leurs sorties. "Nous partons au lac à 18 heures pour commencer à pêcher à 19 heures, mais à 21 heures 30, nous devons déjà être rentrés", explique Bonane Mbonekube, un pêcheur local. Cette réduction du temps de pêche a rendu le Sambaza rare sur les marchés, affectant directement les revenus des pêcheurs.

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La situation est aggravée par la fermeture des brasseries locales, qui prive les pêcheurs de la drêche, un résidu de production d'alcool utilisé comme appât. Cette pénurie d'appâts complique encore plus la tâche des pêcheurs. Et les revendeuses, comme Gisèle Nzigire, peinent à trouver des poissons à vendre, ce qui impacte également leur activité. "Avant, pour une petite bassine de Sambaza, on payait 20 000 francs congolais [6,30 euros]. Aujourd'hui, elle coûte 50 000 [16 euros environ]. Et même si vous achetez cette petite bassine à 50 000 francs, vous n'allez pas faire de profit", déplore-t-elle.

Les habitants appellent les autorités à agir

"Je demande aux autorités d'avoir pitié de nous et d'assurer la sécurité pour que les pêcheurs envoient leurs filets au lacet qu'ils reviennent. Même s'ils ne ramènent rien, on veut les voir revenir", poursuit Gisèle Nzigire. 

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Face à cette crise, le président des pêcheurs de Bukavu, Bahati Musaba, appelle les autorités à s'impliquer. "J'ai plus de 7 000 pêcheurs sur le lac Kivu. Ils travaillent, mais la production n'est pas en grande quantité parce que l'environnement est détruit et les voleurs sont nombreux", souligne-t-il. Il exhorte les nouvelles autorités à s'impliquer pour rétablir un environnement sûr pour les pêcheurs.

Le gouverneur nommé par le M23, Emmanuel Birateau, a récemment tenu un conseil de sécurité pour discuter de la situation. Bien que certaines mesures aient été prises, le problème persistant de la circulation des armes à Bukavu continue de menacer la sécurité des pêcheurs. Le gouverneur a encouragé la population à collaborer avec les combattants du M23, mais cette solution ne semble pas suffisante pour résoudre leurs problèmes du quotidien.