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RD Congo: qui est le milliardaire Erik Prince, l'ex-fondateur de Blackwater chargé de sécuriser les mines?

Ancien militaire de la marine nationale américaine, Erik Prince est connu pour ses sociétés privées de mercenaires présents sur certains terrains dangereux de la planète, comme la Libye ou Haïti. Selon l'agence de presse Reuters et le media Africa Intelligence, le milliardaire américain a signé un partenariat avec le gouvernement congolais pour sécuriser les mines, les forêts ou encore les hydrocarbures de l'est de la République démocratique du Congo (RDC), alors que Kinshasa peine à lutter contre l'offensive menée par le groupe armé M23.

Un homme de l’ombre présent sur de nombreux terrains. Haïti, Chine, Mozambique, Libye... Erik Prince offre les services de sa société Frontier Services Group (FSG) dans le monde entier. Son entreprise, basée et cotée à Hong Kong, a été créée en 2014 avec des financements chinois.

Déjà implanté en République démocratique du Congo (RDC) depuis 10 ans, le groupe a étendu ses opérations dans le pays. Selon les informations du media Africa Intelligence et de l'agence de presse Reuters, il a surtout signé, fin 2024 avec le ministre congolais des Finances Doudou Fwamba Likunde, un partenariat visant à collecter des taxes minières et à réduire la contrebande transfrontalière.

Un "très proche de Donald Trump"

Erik Prince est un ancien membre des forces spéciales de la marine américaine est l’ex-patron de la plus grande armée privée, Blackwater, renommée Academi et revendue en 2010. 

Elle est sinistrement connue pour son rôle dans la guerre en Irak: quatre de ses anciens agents ont été reconnus coupables d'avoir tué 14 civils irakiens en 2007. Ils ont été graciés six ans après par Donald Trump, dont Erik Prince est "très proche".

Cet ultraconservateur, originaire du Michigan, est également le frère de l'ancienne ministre américaine de l'Éducation, Betsy DeVos. Il conseille le président Donald Trump depuis son premier mandat (2017-2021), particulièrement pour ses opérations extérieures américaines. 

Le 21 juillet 2008, le fondateur et PDG de Blackwater Worldwide, Erik Prince, dans les bureaux de Blackwater à Moyock, en Caroline du Nord.

Le 21 juillet 2008, le fondateur et PDG de Blackwater Worldwide, Erik Prince, dans les bureaux de Blackwater à Moyock, en Caroline du Nord.

AP Photo/Gerry Broome, File

Déjà en Afghanistan, en 2017, Erik Prince proposait de privatiser l'intervention américaine en remplaçant les troupes par 5500 mercenaires chargés d'entraîner les soldats afghans et de se battre à leurs côtés. Une opération pour laquelle il proposait 10 milliards de dollars par an, soit bien moins que les 45 milliards de la présence militaire américaine. 

Sécuriser l’accès aux mines

Une recette qui semble avoir séduit les autorités congolaises, confrontées à l'absence de solution sécuritaire pour encadrer l’exploitation et sécuriser la collecte des taxes minières. 

La question du conflit qui ravage l’Est du pays, et qui a fait six millions de morts depuis plus de 25 ans, est indissociable de la gestion du sous-sol congolais et des revenus qu’il génère. 

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Premier producteur mondial de cobalt, la République démocratique du Congo détient aussi dans ses sous-sols au moins 60% des réserves mondiales de coltan, minerai stratégique pour l'industrie électronique, ce qui intéresse vivement le président.

L’industrie minière est largement soumise à la contrebande et la corruption, avec un manque à gagner colossal pour l’État. "Si l'on considère simplement le Katanga, si l'on considère Kolwezi, juste à la frontière entre la Zambie et le Congo, on affirme qu'il y a une perte de revenus d'environ 40 millions de dollars par mois, entre ce qui sort et ce qui entre", a déclaré une source proche du gouvernement congolais à l’agence de presse britannique Reuters

Des anciens de la Légion étrangère recrutés?

Américains et Congolais assurent que l'accord en discussion, trouvé avant même l'accord de paix signé fin juin par la République démocratique du Congo et le Rwanda, ne se résume pas à un deal "minerais contre sécurité", selon un acteur du dossier contacté par le média Africa Intelligence.

Le président congolais Félix Tshisekedi avait évoqué en avril un accord minier avec le conseiller américain pour l'Afrique, Massad Boulos, en visite à Kinshasa. Le président congolais a assuré lundi que "les ressources de la République Démocratique du Congo ne seront jamais bradées".

Parmi les agents de sécurité, d’anciens membres de la Légion étrangère seraient recrutés, a également révélé Africa Intelligence. Ils devraient commencer à se déployer dans le sud du pays, loin de la zone contrôlée par le M23 et ses alliés. L’objectif serait d’assurer la sécurisation des mines et des recettes fiscales de la province du Katanga, particulièrement riche de cuivre.

Aucun détail n’a cependant été donné sur la manière dont les conseillers comptent s’attaquer à la corruption qui gangrène le secteur depuis des années. Et c’est sans doute l’aspect le plus polémique de cette collaboration, qui concerne une région déjà frappée par une violence systémique.

La mission d'Erik Prince pourrait aussi participer à un défi diplomatique d’une grande importance, affichée par Donald Trump: celui de renforcer la présence économique américaine en RDC face aux concurrents chinois, déjà très implantés, et particulièrement dans le secteur minier.