Fil d'Ariane
En Tunisie, un procès sans précédent a captivé l'attention nationale et internationale, devenant pour beaucoup le symbole inquiétant d'une dérive autoritaire dans le pays. Depuis le début du mois de mars, quarante accusés, parmi lesquels des figures emblématiques de l'opposition, ont comparu devant le tribunal de première instance de Tunis. Ces personnalités, incluant des chefs de partis politiques, des avocats et des militants de la société civile, ont été accusées de complot contre la sûreté de l'État et contre le président Kaïs Saïed.
Les condamnations ont été annoncées samedi 19 avril par l'agence de presse officielle TAP. Les peines de prison infligées aux accusés varient de 13 à 66 ans, des peines particulièrement lourdes qui alimentent les craintes d'un recul significatif des libertés en Tunisie. En plus de l'accusation de complot, certains accusés ont été inculpés pour adhésion à un groupe terroriste. L'audience s'est déroulée à huis clos, sans la présence de journalistes, sous une surveillance policière stricte. Seuls les avocats de la défense étaient autorisés à y assister.
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Plusieurs avocats de la défense ont dénoncé ce qu'ils considèrent comme une mascarade judiciaire. Depuis des mois, les proches et sympathisants des accusés manifestent régulièrement pour exprimer leur soutien. Il est clair que l'opposition, qui incarne la liberté de pensée, d'expression et de rassemblement, est la cible principale de ce procès. La plupart des accusés sont affiliés au Front du salut national, une coalition d'opposition au président Kaïs Saïed.
Depuis le coup de force de l'été 2021, par lequel le président tunisien s'est octroyé les pleins pouvoirs, les voix critiques se sont multipliées. Défenseurs des droits humains et opposants dénoncent une régression rapide des libertés, une inquiétude qui résonne jusque dans les instances internationales. En février dernier, le Haut Commissariat des Nations unies aux droits de l'homme a évoqué sans détour la persécution des opposants en Tunisie.