L'Organisation mondiale de la Santé lance un nouveau cri d'alarme : l'épidémie de fièvre hémorragique Ebola en Afrique de l'Ouest serait désormais hors de contrôle, avec 635 cas de fièvre et près de 400 décès recensés dans les pays les plus touchés : la Guinée, le Liberia et la Sierra Leone. L'OMS convoque une réunion d'urgence le 2 juillet à Accra, au Ghana..
Une épidémie d'une ampleur et d'une virulence inédites
27.06.2014Liliane Charrier, avec AFP et la RTSCette épidémie de fièvre Ebola n'est certes pas la première, "mais elle est la plus grave par le nombre de cas et le nombre de foyers - plus de 60 entre la Guinée, le Liberia et la Sierra Leone," explique à nos partenaires de la RTS Antoine Gauge, de Médecins sans Frontières. La Guinée, d'où la flambée est partie, est le pays le plus affecté : 396 cas, dont 280 mortels. Le Liberia a dénombré 63 cas de fièvre hémorragique, dont 41 mortels. Pour sa part, le Sierra Leone a comptabilisé 176 cas et 46 décès, même si ce pays ne publie désormais plus que le nombre de cas mortels strictement liés à Ebola. Dans ces trois pays, la panique générée par l'épidémie est d'autant plus vive qu'ils n'avaient jamais été touchés auparavant. "La principale difficulté à laquelle nous faisons face est cette peur générée par la maladie parmi la population, explique Antoine Gauge. Certains patients se cachent. L'information de la part des gouvernements reste insuffisante." Dès le 23 juin, Médecins Sans Frontières (MSF) avait averti que l'épidémie était désormais "hors de contrôle" et menaçait de se propager à d'autres zones. Un constat alarmiste, mais aujourd'hui partagé par l'OMS, qui a déployé 150 experts sur le terrain. "La possibilité de stopper la chaîne de contagion est devenue, de fait, très difficile, confirme Antoine Gauge. Pour l'instant, il n'y a pas de traitement. Le seul moyen de faire face est de stopper la transmission par une prise en charge des cas confirmés, un suivi de tous ceux qui ont été en contact avec les malades, une forte sensibilisation de la population et la gestion des funérailles."
Selon le spécialiste de la maladie à l'OMS, Pierre Formenty, la recrudescence du nombre de cas s'explique en partie par un "relâchement" de la mobilisation : "Il faut impérativement intensifier les efforts de riposte, promouvoir la collaboration transfrontalière et le partage d'informations sur les cas suspects et les contacts, et mobiliser tous les secteurs de la communauté afin de garantir un accès sans entrave aux zones affectées." Devant l'urgence de la situation, l'Organisation mondiale de la santé vient de convoquer une réunion internationale d'urgence qui doit se tenir les 2 et 3 juillet 2014 à Accra, au Ghana. le but : "interrompre dans les plus brefs délais la propagation de cette maladie mortelle et hautement contagieuse." Les ministres de la Santé de 11 pays y prendront part (Guinée, Liberia, Sierra Leone, Côte d'Ivoire, République démocratique du Congo, Gambie, Ghana, Guinée-Bissau, Mali, Sénégal et Ouganda), aux côtés de différents partenaires de l'OMS impliqués dans la riposte à la flambée d'Ebola. Parmi eux, des représentants de l'industrie minière, de MSF, de l'Institut Pasteur et de l'Union européenne. Car, comme le souligne le Dr Luis Sambo, directeur régional de l'OMS pour l'Afrique, "il ne s'agit plus d'une épidémie spécifique à un pays, mais d'une crise sous-régionale qui requiert une action ferme des gouvernements et des partenaires."
Ebola en Guinée Conakry
Un film de 30 minutes a été tourné en caméra subjective en avril 2014 dans dans un hôpital sécurisé par Médecins sans Frontières à Guéckédou. Il décrit le fonctionnement des soins sur le site dit "la trypano", en Guinée forestière, et notamment la gestion de l'eau, la blanchisserie, les espaces des personnels et des familles visiteuses, le stock de médicaments, le laboratoire européen de diagnostic virologique, l'arrivée de la nourriture, l'habillage et le déshabillage en tenue de protection individuelle des personnels, le suivi des équipes de médecins, infirmières et hygiénistes auprès des personnes hospitalisées, suspectes et malades ... La bande sonore est basée sur les discours de sensibilisation au virus Ébola prononcés le lundi 7 avril 2014 par le préfet El Mohamed V Keita, administrateur civil, et le Dr Pépé Bilivogui, directeur national de l'hygiène publique devant les notables de la région, réunis à la préfecture de Guéckédou, en Guinée-Conakry.
© 2014Alain Epelboin, CNRS-MNHN Paris, Ministère de la santé publique de Guinée, MSF et OMS
Comprendre le virus Ebola
Le virus Ebola, qui provoque des "fièvres hémorragiques", tire son nom d'une rivière du nord de l'actuelle République démocratique du Congo, où il a été repéré pour la première fois en 1976. Son taux de mortalité peut aller de 25 à 90% chez l'homme. Ce virus de la famille des filoviridae (filovirus) se transmet par contact direct avec le sang, les liquides biologiques ou les tissus de personnes ou d'animaux infectés. Les rituels funéraires, au cours desquels les parents et amis sont en contact direct avec le corps du défunt, jouent un rôle important dans la transmission. Il n'y a pas de vaccin homologué contre la fièvre Ebola, qui se manifeste par des hémorragies, des vomissements et des diarrhées.