Le virus continue sa progression en Afrique de l'Ouest et se propage plus rapidement que les moyens mis en œuvre pour l'arrêter. Une réunion était organisée ce vendredi 1er août à Conakry avec les pays touchés et l'OMS qui a débloqué 100 millions de dollars pour les aider. De nombreux pays africains multiplient les mesures sanitaires pour tenter d'endiguer l'épidémie.
"Cette épidémie avance plus vite que nos efforts pour la contrôler", a déclaré la directrice de l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) Margaret Chan lors d’un sommet régional sur l'épidémie à Conakry, vendredi 1er août. "Les effectifs actuels de secours nationaux et internationaux sont tristement inadéquats", a-t-elle souligné. "Si la situation continue à se détériorer, les conséquences peuvent être catastrophiques en termes de vies perdues mais aussi de perturbations socio-économiques et de risque élevé de propagation à d'autres pays", a-t-elle prévenu. "Les pays touchés ont fait des efforts extraordinaires et pris des mesures extraordinaires. Mais les besoins créés par Ebola en Afrique de l'Ouest dépassent vos capacités de lutte", a-t-elle dit à l'intention des présidents guinéen, sierra-léonais et libérienne présents à ce sommet, ainsi que la ministre ivoirienne de la Santé.
La directrice de l'OMS a souligné qu'il s'agissait "de loin de la plus grande (épidémie, ndlr) en près de 40 ans d'histoire de cette maladie" pour laquelle il n'existe pas encore de vaccin. Cette dernière épidémie enregistre 1 323 cas depuis mars 2014.Au 27 juillet, l’épidémie avait fait 729 morts (339 en Guinée, 233 en Sierra Leone, 156 au Liberia, un au Nigeria), selon le dernier bilan de l'Organisation mondiale de la Santé (OMS), la Sierra Leone et le Liberia ont fini par adopter de strictes mesures sanitaires. Sur les 729 décès recensés par l'OMS, 485 étaient des cas confirmés d'Ebola.>> LIRE "Le virus Ebola : une menace mondiale ?" une interview du professeur Antoin Flahault.>> LIRE "Ouganda : comprendre le virus mortel Ebola " un interview du médecin chef François Bricaire.L'OMS a annoncé un soutien financier de 100 millions de dollars (75 millions d'euros) au plan que doivent lancer les dirigeants des pays concernés avec sa directrice Margaret Chan au sommet de Conakry Elle a par ailleurs annoncé la convocation pour le 6 août d'une réunion d'urgence pour "évaluer les implications internationales de l'épidémie en Afrique de l'Ouest".
Menaces de propagationFace à la menace d'une propagation de cette épidémie bien au-delà de l'Afrique de l'Ouest, la compagnie aérienne Emirates a décidé de suspendre à partir de samedi 2 août ses vols vers Conakry, invoquant "la sécurité des passagers et des équipages". L'inquiétude d'une propagation mondiale a crû à la suite de la mort, le 25 juillet, du premier passager d'avion, un Libérien décédé à Lagos au Nigeria après avoir transité par Lomé. Les autorités américaines et allemandes ont recommandé à leurs ressortissants d'éviter de se rendre dans les trois pays frappés. La France y a ajouté le Nigeria, qui a annoncé jeudi avoir placé deux personnes en quarantaine car elles avaient été en contact étroit avec la victime, 69 étant sous surveillance médicale. Le ministère libanais du Travail a pour sa part suspendu vendredi la délivrance de permis aux ressortissants de Sierra Leone, de Guinée et du Liberia.
Mesures en Afrique La présidente du Liberia, Ellen Johnson Sirleaf a mis "tout le personnel non essentiel" du secteur public "en congé obligatoire de 30 jours" et décidé que vendredi serait "chômé pour permettre la désinfection des bâtiments publics". Elle a également ordonné la fermeture de "toutes les écoles" ainsi que de "tous les marchés dans les zones frontalières". Ernest Bai Koroma, président de Sierra Leone, a décrété jeudi 31 juillet "l'état d'urgence pour nous permettre de prendre des mesures plus fermes", sur une période de 60 à 90 jours, éventuellement reconductible. Il a énuméré une batterie de dispositions, dont le placement en quarantaine des foyers d'Ebola, l'escorte des travailleurs sanitaires par les forces de sécurité et des perquisitions pour repérer les malades présumés. Le chef de l'Etat sierra-léonais a également suspendu toutes les réunions publiques, sauf celles consacrées à l'épidémie, et renvoyé le Parlement. La République démocratique du Congo, où l'Ebola est apparu pour la première fois en 1976, a annoncé de nouvelles mesures sanitaires et les Seychelles ont annulé un match de football avec la Sierra Leone prévu samedi. Le Kenya et l'Ethiopie, qui abritent deux des plus importantes plates-formes aéroportuaires d'Afrique, ont affirmé avoir renforcé leur dispositif. L'Ouganda, touché ces dernières années par Ebola, a assuré être en alerte, la Tanzanie se prévalant de "mesures de précaution". Le virus, contre lequel il n'existe pas de vaccin, provoque hémorragies, vomissements et diarrhées. Son taux de mortalité varie de 25 à 90%.
Comprendre le virus Ebola
Le virus Ebola, qui provoque des "fièvres hémorragiques", tire son nom d'une rivière du nord de l'actuelle République démocratique du Congo, où il a été repéré pour la première fois en 1976. Son taux de mortalité peut aller de 25 à 90% chez l'homme. Ce virus de la famille des filoviridae (filovirus) se transmet par contact direct avec le sang, les liquides biologiques ou les tissus de personnes ou d'animaux infectés. Les rituels funéraires, au cours desquels les parents et amis sont en contact direct avec le corps du défunt, jouent un rôle important dans la transmission. Il n'y a pas de vaccin homologué contre la fièvre Ebola, qui se manifeste par des hémorragies, des vomissements et des diarrhées.
Mesures d'hygiène
Conseils donnés aux voyageurs sur le site internet du ministère des Affaires étrangères français : Ne pas se déplacer dans la zone de foyer de l’épidémie en Guinée forestière et dans les zones signalées en Sierra Leone et au Liberia ( consulter les fiches Conseils aux voyageurs de ces pays) • Ne pas consommer ni manipuler de viande de brousse, • Se laver les mains fréquemment au savon ou avec les solutions de lavage des mains hydro-alcoolique, • Éviter les contacts directs avec les secrétions des malades ayant une forte fièvre, ou des troubles digestifs, ou des hémorragies extériorisées par la bouche, le nez, ou les selles