A Madagascar, premier producteur mondial de la vanille, à l'heure de la récolte dans les champs, la tension monte d'un cran chez les cultivateurs. Depuis trois ans, les cours de l'épice se sont envolés. Conséquence: les paysans sont de plus en plus victimes de vols...
Cela fait des semaines que Jao patrouille sur ces terres. Une surveillance sans relâche, nuit et jour, armes à la main, car ses champs valent de l'or... Un kilo de gousses de vanille, revient 600 euros : une fortune dans un pays où l'on gagne 1 euro par jour.
Les voleurs coupent les plants et les pieds de vanille. Ils les coupent et ils les mettent dans des sacs. Alors je suis devenu plus vigilant, et cette année, j'ai acheté une lance et un petit pistolet pour me protéger et protéger ma ferme.Jao Nasaina, cultivateur de vanille
Comme nombre de cultivateurs, Jao a même décidé de dormir sur place, dans son champ, prêt à faire justice lui-même si l'on attaquait ses plantations. L'an passé, plusieurs voleurs ont été tués par des fermiers. Cette année, la gendamerie est venue prêter main forte aux récoltants.
Les fermiers ont été les premiers à signaler des vols de vanille. Ils l'ont d'abord dit à leurs coopératives locales et à leurs acheteurs qui nous ont alerté à leur tour. Nous avons travaillé ensemble pour tenter de mettre en place les mesures nécessaires pour réduire ces vols.Lt Colonel Besoa Sirnot, commandant de la gendarmerie nationale à Sambava
Une collaboration vitale pour sécuriser la production, d'autant plus que la qualité des gousses s'en ressent... En 2017, certains exportateurs se sont retrouvés à acheter de la vanille immature, volée ou cueillie trop tôt. Pour éviter les larcins, les fermiers avaient récolté leur produit trois à quatre semaines en avance... Résultat : une vanille sans le moindre parfum.
L'an dernier, la vanille était très mauvaise. Cette année, ils ont fait des progrès au niveau de la qualité.Tombo Tam Hun Mau, exportateur de vanille
En tout cas la sécurité des plantations laisse à désirer et met la filière en péril. Magadascar, en particulier la région de la Save, représente à elle seule 80% de la production mondiale. Et la vanille reste la deuxième épice la plus chère au monde, après le safran.