Fil d'Ariane
Tout a démarré le 20 avril avec une série de publications anonymes sur Facebook puis sur d'autres réseaux sociaux : un appel à ne plus acheter les produits laitiers de Centrale Danone, les eaux Sidi Ali ou le carburant des stations Afriquia. Objectif affiché : dénoncer la chèreté des produits.
La filiale marocaine du français Danone affirme que son chiffre d'affaires s'est réduit de 50% depuis le 20 avril et que ses pertes s'élèvent à plus de 13 millions d'euros.
Le groupe a même décidé de mettre fin à quelques 886 contrats en intérim et de réduire ses achats auprès des producteurs.
Les titres boursiers des maisons mères d'Afriquia et de Sidi Ali souffrent. Le distributeur d'eau rappelle par communiqué qu'il emploie plus de 2000 personnes dans le pays.
L'autre conséquence aura été politique : le ministre des Affaires générales Lahcen Daoudi a été poussé à la démission. Son tort : avoir participé à une manifestation contre le boycott.
Si l'origine exacte de cet appel reste un mystère, ses cibles sont plus claires : des personnalités influentes des milieux économiques marocains.
Miriem Bensalah-Chaqroun d'abord. Elle est la dirigeante des eaux minérales Sidi Ali. Elle a été jusqu'à fin mai la présidente de l'organisation patronale marocaine, la CGEM. Proche du roi Mohammed VI, elle a souvent été citée comme potentielle ministrable.
Aziz Akhannouch lui est déjà un ministre du gouvernement actuel. Il est également un proche du roi. Milliardaire, propriétaire de la maison mère des stations Afriquia, il est pressenti pour diriger l'opposition face aux islamistes lors de prochaines élections.