À l'issue d'une semaine de manifestations contre la hausse des prix des carburants sévèrement réprimées, le président zimbabwéen Emmerson Mnangagwa joue la carte de l'apaisement. Mais après des centaines d'arrestations, des dizaines de blessés et au moins 12 morts selon un forum d'ONG, le discours du président semble inaudible.
Dans les rues de Harare, le calme est apparement de retour... L'ordre gouvernemental de bloquer internet vient d'être annulé, par la Haute Cour de justice du Zimbabwe.
"C'est un soulagement," nous dit Denford Halimani. "Les fournisseurs d'accès à internet ont reçu l'ordre de réapprovisionner leur client."
Un accès à internet interrompu vendredi... mais aussi brièvement mardi, la semaine dernière.
Manifestations à Harara | 15 janvier 2019 | PHOTO AP • T. MUKWAZHI
Internet bloqué. Un levier souvent utilisé pour contenir les crises... comme celle que le Zimbabwe connaît en ce moment.
+150% de hausse sur les carburants
Tout était parti de cette annonce présidentielle du 12 janvier dernier...
"À partir de minuit , ce soir, le prix à la pompe du litre de diesel sera de 3 dollars 11 et celui de l'essence à 3 dollars 31" avait lancé Emmerson Mnangagwa, le président zimbabwéen dans une allocution radio-télévisée, le 12 janvier dernier.
+150%. Une hausse spectaculaire à la pompe qui place immédiatement le Zimbabwe, comme le pays où le carburant est le plus cher au monde.
La ZCTU, la principale confédération syndicale du pays et les mouvements citoyens ont réagit avec une grève générale de trois jours Une action réprimée à grande échelle, la semaine dernière.
Quadrillage de l'armée à Harare | 15 janvier 2019 |PHOTO AP • T. MUKWAZHI
Des caméras ont filmé des scènes à Bulawayo (centre-est) où des manifestants au sol sont frappés par l'armée.
Des ONG zimbabwéennes parlent d'au moins 12 personnes tuées par balles. Et le leader syndical, Japhet Moyo, très impliqué dans ce mouvement social a été arrêté. Plusieurs opposants du MDC, le Mouvement pour le Changement Démocratique sont eux aussi encore derrière les barreaux.
Alors quand le président Mnangagwa de retour du forum économique Davos appelle ce mardi à l'apaisement. Dans l'opposition. Ça ne passe pas...
"Cinq députés du MDC sont détenus et se voient refuser le droit de demander une libération sous caution." rappelle le député d'opposition MDC, Prosper Mutseyami. Morgen Komichi, le vice-président du MDC renchérit. "Si le président est sérieux au sujet du dialogue, il doit reconnaître que ce que nous avons vécu la semaine dernière est dû au fait que les citoyens en ont assez des défis économique de ce pays."
Colère de manifestantes à Harare | 15 janvier 2019 | PHOTO AP • T. MUKWAZHI
La grogne, n'est en tout cas pas prête de retomber, sans une remise à plat des prix des carburants.