Fil d'Ariane
Surnommé "le Crocodile" pour son caractère impitoyable, le nouveau président du Zimbabwe se présente en réformateur. Vendredi 15 décembre, devant son parti réuni en congrès, Emmerson Mnangagwa a multiplié les promesses : sortir le pays de la crise, créer des emplois, faire revenir les investisseurs étrangers et instaurer la démocratie. "La démocratie impose qu'en tant que parti politique, la ZANU-PF doive toujours être en compétition avec des partis d'opposition dans le cadre d'élections qui doivent être crédibles, libres, justes et transparentes" a déclaré Emmerson Mnangagwa.
Du neuf qu'il compte faire avec du vieux. Car celui qui a pris les rênes du pays après la démission forcée de Robert Mugabe fin novembre s'appuie sur des cadres de l'ancien régime. Il en a nommé plusieurs dans son gouvernement, ainsi que des militaires au passé très sulfureux...
Pour relancer l'économie, son principal défi, il mise sur l'agriculture. Dont la production s'est effondrée depuis le début des années 2000. A l'époque, des milliers de fermiers blancs avaient été violemment expulsés de leurs terres au profit de fermiers noirs. Pour améliorer la gestion des exploitations, Mnangagwa a ordonné l'évacuation des fermes occupées illégalement, sans revenir complètement en arrière... "J'assure au Congrès, aux membres du parti et à la nation tout entière, que le principe de la saisie de nos terres ne peut pas être remis en cause".
Ce Congrès a surtout permis à Mnangagwa d'asseoir son autorité sur la ZANU-PF. Un parti déchiré en deux factions : d'un côté les partisans de Grace Mugabe, la femme de l'ancien président qui se voyait succéder à son mari, et de l'autre les soutiens de Mnangagwa. Et c'est bien lui, sans surprise, à 75 ans, qui a été désigné candidat à l'élection présidentielle de 2018.