La Ligue des Champions, la Supercoupe d'Europe, une série de « clean-sheets » (matchs sans prendre de but, ndlr) longue comme le bras d'un géant, des prestations impressionnantes avec Chelsea tant en Premier League qu'en Ligue des Champions... : rien de tout cela n'a visiblement suffi à convaincre la rédaction du journal France Football de retenir Édouard Mendy (29 ans) parmi les 30 nommés du Ballon d'Or 2021, au contraire de l'Italien Gianluigi Donnarumma, certes vainqueur de l'Euro avec la Nazionale, mais jamais apparu en Ligue des Champions avant le mois de septembre, suite à son transfert estival du Milan AC au Paris Saint-Germain.
Et même si le portier sénégalais des Blues figure parmi les postulants au trophée Lev Yachine du meilleur gardien de but de l'année, son oubli dans la liste principale fait couler beaucoup d'encre, et en premier lieu au Sénégal. Ce n'est pas Sadio Mané, quatrième du classement en 2019, qui dira le contraire. « C’est inadmissible. Je ne comprends pas, ce sont des choses à déplorer », a réagi le capitaine des Lions de la Teranga. Plus offensif encore, le... défenseur Kalidou Koulibaly a dénonçé une forme d'ostracisme : « Je pense que nous, on doit faire le double de certaines personnes pour être bien jugé, bien vu. »
Une fantastique campagne de Ligue des Champions
Et pourtant, Edouard Mendy avait fait bien plus que cela cette année en devenant le deuxième gardien de but africain à soulever la Ligue des Champions. Pour un coup d'essai dans l'épreuve reine du football de clubs européen, ce fut un coup de maître. Lors de cette campagne victorieuse, le débutant encaissera trois buts, dont deux lors de la phase à élimination directe, qui correspond à la période couverte par le Ballon d'Or, décerné sur l'année calendaire : face au FC Porto en quart de finale retour (par Mehdi Taremi, défaite 1-0) et face au Real Madrid en demi-finale aller (par Karim Benzema, score final 1-1). Mieux encore, il gardera sa cage inviolée à neuf reprises. Une performance inédite pour un gardien novice et seulement réalisée jusqu’alors par Santiago Canizares avec Valence (2000-2001), puis Keylor Navas avec le Real Madrid (2015-2016).
Edouard Mendy satisfaisait au critère du palmarès, ne déméritait pas sur celui de la carrière, avec son passage plus que réussi du Stade Rennais à Chelsea, mais qu'en était-il de celui de la classe ? L'intéressé a indirectement répondu à la question, au moment de réagir à sa non-nomination. « Comme je l’ai dit, honnêtement je suis déjà très fier de représenter mon pays parmi les 10 meilleurs gardiens du monde (le trophée Lev Yachine, ndlr). En un an, c’est une très bonne chose, je ne me contente pas de cela, j’ai beaucoup d’ambitions mais c’est déjà une bonne étape. Ensuite, il y aura toujours des débats que ce soit sur moi ou sur quelqu’un d’autre. Voilà, c’est la liberté des votes des journalistes et c’est leur liberté d’expression et il faut respecter cela », a-t-il déclaré, beau joueur. Un fair-play susceptible donner quelques regrets supplémentaires au jury, qui ne l'a pas retenu dans les 30 nommés.