Fil d'Ariane
Une vague de gilets orange déferle sur la Berlinale. L’artiste et dissident chinois, Ai Weiwei, profite du festival international du film de Berlin, qui se déroule cette semaine, pour présenter sa nouvelle installation. Quelque 14000 gilets de sauvetage usagés et un canot pneumatique dissimulent les colonnes de la fastueuse salle de concert Konzerthaus de la capitale allemande. L’objectif est d’alerter la communauté internationale sur le sort tragique des migrants.
Ces gilets de sauvetage ont été abandonnés par des migrants sur l’île grecque de Lesbos, et récupérés sur place par Ai Weiwei lui-même. Ils sont devenus le symbole de l’exode des réfugiés, qui risquent leur vie à chaque traversée de la mer Egée pour rejoindre l’Europe.
Les festivaliers de la Berlinale se sont aussi vu remettre par Ai Weiwei des couvertures de survie, celles qui sont données aux migrants à leur arrivée sur la terre ferme après une traversée dangereuse. Les photos publiées le lundi 15 février sur le compte Instagram de l’artiste de 58 ans en témoignent.
Le drame des migrants se joue aussi sur les écrans de la Berlinale avec le documentaire de Gianfranco Rosi, Fuoccoammare, en compétition pour l’Ours d’or. Le cinéaste a passé plusieurs mois sur l’île italienne de Lampedusa à filmer le quotidien de milliers de migrants. Cette année, une douzaine de films projetés dans les différentes catégories du festival ont pour sujet les réfugiés.
L’artiste chinois n’en est pas à son coup d’essai. Depuis plusieurs mois, Ai Weiwei milite pour la cause des migrants. La politique menée par l’Union européenne, selon lui, met en danger la vie et la dignité des populations qui affluent massivement sur son territoire.
Ai Weiwei poste régulièrement sur les réseaux des photos et vidéos témoignant de l'ampleur de la détresse des réfugiés à leur arrivée à Lesbos.
Pour protester contre le Danemark, qui, fin janvier, a adopté une loi autorisant la confiscation des biens des demandeurs d’asile, Ai Weiwei a fait retirer ses œuvres des expositions présentées à Copenhague et à Aarhus.
A Prague, l’artiste dissident a également recouvert de couvertures thermiques la douzaine de statues représentant les signes du Zodiaque chinois.
Début février, il a fait polémique en posant sur le sable à Lesbos, où il se rend régulièrement, dans la posture de l'enfant syrien Aylan Kurdi, 3 ans. La photo d’Aylan, retrouvé mort échoué sur une plage de Turquie, avait bouleversé le monde entier lors de sa publication en septembre dernier.
Ai Weiwei a aussi l’intention de créer un mémorial dédiés aux réfugiés morts noyés en mer. Pour le seul mois de janvier 2016, 368 personnes ont péri en Méditerranée, selon l'Organisation internationale pour les migrations.
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