Alger retrouve le goût des saltimbanques. Les artistes de rue ont repris le chemin du bitume, déserté depuis la guerre civile de la décennie 90. Danseurs, chanteurs endiablés au rythme du chaabi ou portraitistes aux crayons joyeux.
Les rues d'Alger sont leur salle de spectacle. Ces artistes chantent devant les passants, sur un bout de trottoir. Ahmed a quitté sa ville natale de Tiaret pour vivre et partager sa passion du Chaabi dans les rues d'Alger :
A l'étranger des grands artistes font de la musique dans la rue, il n'y aucun mal à ça. Je ne comprends pas pourquoi, en Algérie, certains artistes refusent de chanter dans la rue, considérant ça comme de la folie. J'aimerais bien que ce phénomène se propage vers d'autres villes du pays.
Ahmed Azri, chanteur de Chaabi
Les passants s'arrêtent, écoutent et sont conquis :
Personnellement je préfère quand le Chaabi est chanté dans la rue. Écouter la musique Chaabi seul chez soi, ce n'est pas comme l'écouter dans la rue, c'est une autre sensation. Je trouve que ce chanteur est très doué, il chante bien, et il imite parfaitement les plus grands maitres de ce style musical algérois. Toufik Touhami, passant
Quelques mètres plus loin, Ali dessine le portrait d'une femme. Ce jeune dessinateur travaille dans la rue pour vivre de sa passion.
Alger a connu, dans le passé, les artistes de rue mais la situation sécuritaire qu'a connu le pays durant les années 90 les a poussés à fuir. C'est logique, ils ne se sentaient pas en sécurité. Mais aujourd'hui, les choses ont changé. Vous avez vu comment la fille a posé pour que je lui fasse un portrait. Avant, c'était juste impensable.
Ali Yamani, dessinateur
Ce retour ne se fait pas sans difficultés. Il y a encore quelques mois, les policiers en ont arrêté quelques uns. Les citoyens se sont mobilisés pour les défendre. Résultat : le maire d'Alger est intervenu pour leur accorder des autorisations. Désormais, qu'ils soient chanteurs, danseurs ou dessinateurs, les artistes réinvestissent les rues.