Fil d'Ariane
Le 27 octobre 2019, après plusieurs jours d'une fronde sociale inédite au Chili, Ana Tijoux publie le titre "Cacerolazo", du nom de ces contestations populaires au son des casseroles. Une chanson "coup de poing" dans laquelle l'artiste assure que ce ne sont pas les "30 pesos" de l'augmentation du ticket de métro qui a provoqué cette révolte populaire, mais les "30 ans" de mesures héritées de la dictature.
"Cacerolazo" a été composé par le mari d’Ana Tijoux, le musicien français Jon Grandcamp, et le clip réalisé à partir de vidéos envoyées par des manifestants. "Aucune image forte de la répression disproportionnée politico-militaire" n'est utilisée, peut-on lire en espagnol à la fin du clip. La chanteuse veut éviter la "censure".
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Ana Tijoux touche à tous les styles musicaux. Quelques notes de français sur un air de tango. Le temps d’une chanson, Ana Tijoux s’éloigne du rap.
C’est en France que la rappeuse franco-chilienne a découvert ce style, d’abord à Lille où elle est née, puis à Paris, où elle a vécu avec ses parents exilés pendant la dictature de Pinochet.
Etant fille de migrant en France, le hip-hop était pour moi une terre des sans-terres.
Ana Tijoux, artiste
Un style unique, qui porte la révolte des opprimés, récompensé par un Latin Grammy awards, et l’équivalent de 3 victoires de la musique au Chili. L’un de ses tubes a même été repris dans la série Breaking bad.
Le hip-hop de Ana plaît, ou dérange ; dans tous les cas il ne laisse pas indifférent car il est engagé. "Pendant la dictature, tout un système économique s'est établi, explique-t-elle. Au niveau éducation, santé, retraite... Donc on essaie d'y réfléchir et de changer ce système".
Ana est rentrée au Chili à l’adolescence, avec dans ses bagages les enseignements de ses années en France. Pour son prochain album, Ana Tijoux a invité deux artistes francophones, le belgo-congolais Baloji, et le rappeur Akhenaton, l’idole de son enfance.