C'est Andreï Makine qui a été choisi pour occuper le siège vacant de Assia Djebar, décédée, sous la Grande Coupole de l'Académie française. Récompensé par de nombreux prix littéraires, dont un Goncourt, cet écrivain français né en Russie, devient, à 58 ans le plus jeune des Immortels.
AndreÏ Makine a été élu ce jeudi 3 mars à l'Académie française par 15 voix sur 26, dès le premier tour. Il succède à l'écrivaine algérienne Assia Djebar, décédée en 2015, au fauteuil n° 5.
Il y a eu 3 bulletins blancs et six bulletins marqués d'une croix, signe d'une opposition. Deux voix sont allées sur le nom d'Arnaud-Aaron Upinsky, un écrivain proche des milieux catholiques traditionalistes.
Écrivain d'origine russe amoureux de la langue française, Andreï Makine est l'auteur de seize livres sous son nom et de quatre sous le pseudonyme de Gabriel Osmonde. En 1995, il a réussi l'exploit d'être couronné par les prix Goncourt , Goncourt des lycéens et Médicis pour Le testament français dans lequel il écrit :
C'était un pays (la France) livresque par essence, un pays composé de mots, dont les fleuves ruisselaient comme des strophes, dont les femmes pleuraient en alexandrins et les hommes s'affrontaient en sirvantès [...] La France se confondait pour nous avec sa littérature.
Andreï Makine, Le Testament français
"C'est tout naturellement que j'écris en français, et ce depuis mon arrivée en France", en 1987, racontait l'écrivain dans un rare entretien publié par la quotidien Le Figaro au début des années 2000.
Il a également reçu en 2005 le prix Prince Pierre de Monaco pour l'ensemble de son œuvre et en 2014 le prix Mondial de la Fondation Simone et Cino del Duca-Institut de France. Deux récompenses qui ouvrent très souvent la voie à une élection sous la Coupole où des personnalités comme Madame Carrère d'Encausse et Dominique Fernandez étaient très favorables à sa venue.
Des début difficiles
Bien avant toutes ces récompenses et la reconnaissance de ses pairs, ses débuts en France ont pourtant été difficiles. Quand Andreï Makine débarque à Paris de sa Sibérie natale, il vivote de son écriture et enchaîne les refus d'éditeurs. Pour faire publier ses deux premiers romans, il fait croire qu'ils ont été traduits du russe en inventant un traducteur imaginaire. C'est Le Testament français qui le fera sortir de l'anonymat.
Son dernier roman, Le pays du lieutenant Schreiber, publié en 2014 revient sur l'histoire Jean-Claude Servant-Schreiber, un officier français et résistant de la Seconde guerre mondiale aujourd'hui tombé dans l'oubli.
Elu à l'Académie française ce jeudi 3 mars, Andreï Makine devra cependant patienter au moins un an avant de revêtir l'habit vert des Immortels et d'entrer sous la Coupole. Un mot du dictionnaire lui sera alors attribué. Reste à le choisir.