L'écrivain franco-algérien Boualem Sansal à Paris, le 4 septembre 2015
L'écrivain franco-algérien Boualem Sansal, arrêté en Algérie "il y a plus d'une semaine" dans des conditions obscures, n'a pas encore été auditionné par un procureur, a annoncé lundi soir son avocat François Zimeray, mandaté par les éditions Gallimard.
"Il n'y a pas eu de comparution aujourd'hui", a déclaré sur BFMTV Me Zimeray qui comptait pourtant sur une audience dans l'après-midi. "On en saura plus demain", a-t-il ajouté au même micro, expliquant recevoir des "informations contradictoires".
L'avocat avait indiqué sur RTL, plus tôt dans la journée, n'avoir "aucune nouvelle précise" sur l'état ou les conditions de détention de l'écrivain de 75 ans, en lutte contre le fondamentalisme religieux et l'autoritarisme.
"La meilleure façon de confirmer ce qu'il dit, c'est de le maintenir en prison. Donc, si l'Algérie n'est pas une dictature, libérez-le", a lancé Me Zimeray sur BFMTV, estimant que "le risque de perpétuité est réel pour (le) type d'infraction" qui lui serait reproché.
Selon Le Monde, les autorités algériennes pourraient avoir mal pris les déclarations de M. Sansal au média français Frontières, réputé d'extrême droite, qui reprennent la position marocaine selon laquelle le territoire du pays aurait été tronqué sous la colonisation française au profit de l'Algérie. Il s'agirait d'une "ligne rouge" pour Alger qui pourrait valoir à l'auteur des accusations d'"atteinte à l'intégrité nationale".
"J'attends avec impatience qu'une équipe de défense algérienne de confrères, avec qui je pourrai me mettre en rapport, soit constituée, et c'est pour ça que je suis en relation avec le bâtonnier d'Alger", a également déclaré Me Zimeray.
Interrogé sur RTL à propos de ce qu'il attendait des politiques et du gouvernement français, l'avocat a jugé qu'il fallait "éviter à ce stade d'en faire au maximum".
"Certains ont voulu faire de Boualem Sansal, et de cette arrestation, l'occasion d'un irritant de plus dans la relation franco-algérienne. Et le rôle de sa défense aujourd'hui, c'est évidemment de ne rien faire qui aille dans ce sens", a-t-il insisté.
"Ce n'est pas seulement une dimension franco-algérienne, cela doit interpeller des intellectuels du monde entier" et "cela doit être aussi un sujet algérien, traité en droit algérien et qui interpelle la société algérienne qui mérite mieux que cela", a-t-il fait valoir.
Lundi toujours, l'auteur a reçu le soutien de l'Académie française, qui espère le voir "libéré sans délai", et de l'Académie des sciences d'outre-mer qui "demande qu'il retrouve sans délai sa liberté de mouvement et d'expression".
Vendredi, l'agence gouvernementale algérienne APS avait confirmé "l'arrestation" de l'écrivain, sans préciser de date. Selon plusieurs médias, Boualem Sansal l'aurait été le 16 novembre à l'aéroport d'Alger, en provenance de France.
Ces événements interviennent dans un contexte diplomatique tendu entre la France et l'Algérie, après l'appui de Paris au plan d'autonomie marocain pour le territoire disputé du Sahara occidental fin juillet.