Attentats du 13-Novembre : la résilience par la culture
Un an après les attentats de Paris, comment aller de l’avant lorsque l’on a perdu un être cher ? Les amis de Maxime, qui s'est éteint au Bataclan, ont choisi de lui rendre hommage en lui dédiant un festival de musique et un court-métrage. Rencontre.
Comme un vide. Nous sommes le vendredi 13 novembre 2015, et le monde s’écroule pour les proches des 130 victimes dont la vie a injustement été arrachée par des terroristes ce soir-là. Maxime Bouffard, 26 ans, qui assiste au concert des Eagles of Death Metal au Bataclan, compte parmi les victimes. Après son enterrement, ses amis de Paris et du sud-ouest se retrouvent chez lui à Coux-et-Bigaroque en Dordogne. Ensemble, ils mangent, font la fête et lèvent leurs verres à leur ami disparu. C’est à ce moment que naît l’idée de lancer un festival pour honorer la mémoire de ce jeune homme amoureux de la fête et du rock, mais aussi de toutes les autres victimes.
Aurélien, lors de la première édition du festival Les Bouffardises en juillet 2016.
Un an plus tard, le rêve est devenu réalité. Le festival Les Bouffardises – nommé ainsi en références aux histoires insensées que Maxime se plaisait à faire croire à son entourage – a bien eu lieu. Et le succès de l’événement a même dépassé les espérances de la bande d’amis, dont Aurélien Sanchez fait partie. « Au départ, on voulait faire un festival entre nous. On visait 500 à 700 participants. Mais petit à petit, on s’est retrouvé à une centaine de bénévoles » confie-t-il. « A partir du moment où on a commencé à communiquer dessus en janvier, tout le monde a voulu nous filer un coup de pouce que ça soit pour la logistique, la régie ou les boissons. Beaucoup de groupes de musique nous ont aussi contacté pour pouvoir jouer au festival » poursuit Aurélien.
Blackbird Hill sur la scène du festival Les Bouffardises en juillet 2016.
Finalement, le 2 juillet 2016, Les Bouffardises rassemble quelque 2000 festivaliers chez Maxime à Coux-et-Bigaroque. Sur scène, six groupes de rock et deux DJs, soigneusement sélectionnés par Emmanuelle, Magalie, Mathieu et Nicolas, se sont succédés pour faire danser et chanter la foule. « Ce festival a touché énormément de personnes » se réjouit Aurélien. Et il suffit de lire les commentaires de la page Facebook du festival pour en avoir le cœur net : « immense merci », « tout était parfait », « votre pote peut vraiment être fier de vous. Bravo à tous » ou encore « sacrée belle soirée ».
Devant l’émotion suscitée par Les Bouffardises, Aurélien souhaite trouver un moyen de plus pour exprimer le manque qu'il ressent. Mais comment évoquer l'indicible ? Maxime, au-delà d’être un fan de rock, était réalisateur et cadreur. Alors parce qu’ils ont souvent travaillé ensemble dans l’audiovisuel, depuis leur BTS où ils se sont rencontrés au Pays Basque jusqu’à Paris, Aurélien songe à lui rendre hommage en réalisant un court-métrage pour son ami. C'est chose faite, enfin presque, puisque le scénario est prêt. « L’histoire est celle de la reconstruction d’un garçon suite à la perte de son ami lors des attentats de Paris. Elle montre les étapes du deuil, la progression du drame à l’espoir » explique-t-il. « Une autobiographie romancée » en quelque sorte.
Comme un vide. C’est le nom de son court-métrage en noir et blanc dont le tournage est prévu les deux premiers week-ends de décembre avec deux acteurs du Cours Florent. « Je viens de lancer un financement participatif pour réunir les fonds nécessaires à sa réalisation » annonce Aurélien. Aujourd’hui, le projet est financé à 40% et il reste encore trois semaines pour atteindre l’objectif.
2017 verra donc la sortie de Comme un vide, attendu pour la fin du mois de janvier, mais aussi la deuxième édition des Bouffardises le 8 juillet toutjours à Coux-et-Bigaroque. Grâce à l'argent récolté cette année, Aurélien espère bien « frapper plus fort » avec une tête d'affiche qui, qui sait, permettrait de faire venir encore plus de festivaliers et pérenniser l'évènement.
Le 13 novembre 2015, le temps s'est arrêté à Paris. Depuis, grâce au courage et à l'optimisme de personnes comme les amis de Maxime, la vie a doucement repris son cours. Les terrasses des bars et restaurants sont remplies, la musique résonne dans les salles de spectacle. La culture et la solidarité ne seraient-elles pas le meilleur des remèdes pour panser les blessures ?
Le 13-Novembre en livres, en BD et en images (avec AFP) :
Les éditions du Seuil ont livré dès septembre avec L'indicible de A à Z, un abécédaire signé Georges Salines, dont la fille Lola, éditrice chez Gründ, a été tuée au Bataclan.
Fred Dewilde, un graphiste rescapé du Bataclan, a livré son témoignage dans une BD, Mon Bataclan (Lemieux).
Une autre BD publiée chez Delcourt, 13/11, reconstitution d'un attentat, signée Anne Giudicelli et Luc Brahy, relate les événements de novembre minute par minute.
Aurélie Silvestre, Parisienne de 35 ans, dont le mari, Matthieu, a été tué au Bataclan publie son témoignage dans Nos 14 novembre (JC Lattès). Aurélie, mère d'un petit garçon de 3 ans, était enceinte de cinq mois quand le drame est arrivé.
Le village aux mille roses est un conte poétique de Philippe Nessmann, dédié à une victime de la tuerie, Ariane, qui avait fait son stage chez Flammarion jeunesse.
On trouve aussi Une belle équipe (Héliopoles) de Grégory Reibenberg, témoignage du patron de "La belle équipe", restaurant en terrasse où plusieurs clients ont été tués.
Le succès de Fayard, Vous n'aurez pas ma haine, récit d'Antoine Leiris dont la femme a été tuée il y a un an, est devenu un livre-audio (Audiolib) lu par André Dussollier. Le livre sortira au Livre de Poche en décembre. Antoine Leiris a décliné son livre en documentaire dans lequel il part à la rencontre d'autres familles de victimes (Vous n'aurez pas ma haine, 13 novembre sur France 5, 20h50).
Un trio de journalistes, Jean-Michel Decugis, François Malye et Jérôme Vincent, propose de découvrir Les coulisses du 13 novembre (Plon) tandis que Matthieu Langlois et Frédéric Ploquin invitent à une plongée au coeur des opérations des unités d'élites dans Moi, médecin-chef du Raid: état de guerre à Paris (Albin Michel).
Paris restera Paris, documentaire où historiens, écrivains, comédiens et artistes donnent leur définition de la fête, en partant du livre d'Ernest Hemingway Paris est une fête, devenu symbole de la résistance à l'obscurantisme.
France 2 propose une histoire non officielle des attentats avec Cellule de crise. La chaîne diffuse aussi Le 13 Novembre: vivre avec où cinq rescapés racontent les scènes d'horreur qu'ils ont vécues et leur difficile reconstruction.
Arte propose 13 novembre, la vie d'après, une plongée dans le quotidien de dix Parisiens des 10e et 11e arrondissements, issus de cultures, de milieux sociaux et de générations différents, qui se confient.
TF1 donne la parole à des rescapés et proches de victimes dans "13 novembre, le retour à la vie".
L'Equipe se penche sur l'histoire d'Aristide et Alice Barraud, lui rugbyman et elle acrobate, frère et soeur blessés devant le Petit Cambodge dans Alice et Aristide.
Dans Bataclan, une vie de spectacles, le spécialiste du rock Philippe Manoeuvre dresse le portrait de la célèbre salle de concert.