La jeune écrivaine québecoise publie un nouveau roman "Le corps des bêtes". Fidèle à son univers unique, elle raconte l'éveil de Mie, une adolescente au sein d'une famille hors du monde.
Le corps des bêtes (extraits)
Quand Mie dessine l’arbre des loutres, les ramures partent dans tous les sens, elles s’entrecroisent souvent, mais toujours elles s’élargissent vers le ciel, elles se déploient en brindilles, et encore, et encore, à mesure que des petits naissent et procréent à leur tour. L’arbre des ours a des branches lourdes qui ont le temps d’épaissir avant que poussent les nouveaux scions. Parfois, les ralles se rencontrent, forment un nœud et se détachent plus loin. Ses ramées croissent lentement, donnent peu de fruits, mais ses racines sont profondes et son écorce, coriace.
Mie soupire. En comparaison, son arbre est un pérot ridicule. La Vieille comme tronc maigre, puis les branches d’Osip et de Sevastian, si souvent entrecroisées qu’à peine dissociables, enfin la tige fuyante de Noé qui se greffe au fût, sans racines et sans souche. La vie a élagué les autres verges : à cet arbre-là, il reste rien que l’espoir des quatre ramilles – Mie, ses frères –, mais il n’y a personne autour pour servir de plançon et s’ajouter au feuillage.
Audrée Wilhelmy est une écrivaine québécoise née en 1985 à Cap-Rouge (Québec). Elle habite aujourd'hui à Montréal.
Son premier roman, Oss (Leméac, 2011), a été finaliste aux Prix du Gouverneur général du Canada.
Son deuxième roman, Les Sangs, a été publié chez Leméac en 2013, puis chez Grasset en 2015. Il a remporté ex æquo le prix Sade 2015, qui souligne entre autres le caractère érotique et résolument moderne du roman.
Elle a terminé, en décembre 2015, un doctorat en études et pratiques des arts à l’Université du Québec à Montréal. Elle se consacre désormais à l’écriture romanesque.
"Le corps des bêtes", son troisième roman a été publié au Canada en 2017 chez Lémeac. Il paraît aujourd'hui en France aux éditions Grasset.