« On n’entend pas les Africains »
« L’Afrique n’est pas représentée par ses représentants. Elle est toujours représentée par des occidentaux qui y travaillent, s’indigne Diao. On n’entend pas les Africains raconter leurs propres histoires ».
« J’ai l’impression que tout film étranger a du mal à y arriver, et en plus l’Afrique est toujours en retard par rapport aux Asiatiques ou au cinéma de l’Amérique Latine », explique la journaliste, jointe par téléphone depuis la capitale burkinabé Ouagadougou.
Pour elle, on ne peut pas comparer les « millions » dépensés sur le cinéma par les Etats-Unis avec les « quelques milliers » consacrés au septième art par les états africains. « Les Américains mettent le cinéma comme deuxième industrie derrière l’armement, alors que dans les pays africains ce n’est pas un secteur important ».
Et cela n’est pas une excuse pour les gouvernements africains, selon la bloggeuse. Car le cinéma est aussi une façon d'éduquer les générations et surtout un art qui permet de bien définir l’identité d’une société. En l’absence d'un soutien pour la production cinématique africaine par des africains, toute une histoire de l’époque d’avant l’esclavage restera caché, regrette Diao.
Si elle avait la possibilité de nominer des productions africaines pour les Oscars, la bloggeuse présenterait deux films :
- « Aujourd’hui (Tey) », du Sénégalo-français Alain Gomis. C’est l’histoire de Satché, un sénégalais qui sait qu’il va mourir ce soir. Il essaie donc de
« célébrer sa mort » chez lui avec les siens.
- « Les Chevaux de Dieu », du Franco-marocain Nabil Ayouch. Ce long métrage de fiction
amène aux attentats qui ont secoué Casablanca en mai 2003.
En attendant, le continent noir peut se revendiquer avec deux Oscars déjà remportés. Le premier date de 2004, gagné par l’actrice Sud-africaine Charlize Theron pour son rôle dans « Monster » de Patty Jenkins. L’année suivante,
« Tsotsi » devient le seul film africain oscarisé. « Mais bon, c’est un réalisateur américain qui vivait en Afrique du Sud ! ».