Avec la disparition de William Vance, c'est un maître incontesté du réalisme en BD, grand amateur d'espionnage, de polars et de films d'actions, qui s'éteint. Il laisse derrière lui l'un des plus gros succès du neuvième art : la série culte "XIII", un thriller complotiste addictif, suivi par des millions de personnes à travers le monde.
"XIII", "Bruno Brazil" ou encore "Bob Morane", c'était lui... Le dessinateur belge William Vance, alias William Van Cutsem de son vrai nom, est décédé lundi soir à l'âge de 82 ans, à Santander en Espagne, pays de son épouse, où atteint de la maladie de Parkinson, il s'était retiré, selon l'agence de presse Belga.
"Cet auteur aussi prolifique que talentueux a su, durant toute sa carrière, épater par son sens pointu, son obsession même, du détail et de la recherche iconographique", ont déclaré ses éditeurs Le Lormand et Dargaud dans un communiqué, rendant hommage à
"l'artiste précis, discret et d’une gentillesse immense" qu'était William Vance.
Dans un tweet Yves Schlirf, des éditions Dargaud Benelux, lui a rendu hommage dans la soirée.
Un maître du dessin réaliste
William Van Cutsem, Vance de son nom d'artiste, était né dans la région de Bruxelles en 1935. Il démarre sa carrière en 1962, au Journal de Tintin, une excellente école en matière de BD contemporaine.
Il se consacre à de courts récits historiques, souvent scénarisés par Yves Duval. Une excellente école, puisque l’éclectisme de ces nouvelles BD oblige le jeune dessinateur à aborder une époque différente à chaque fois. Une période dont William Vance se souvenait avec beaucoup de tendresse.
"C'était l'époque bénie pour un dessinateur, on pouvait créer une histoire complète, de fiction pure ou d'actualité et la publier en toute liberté dans le Journal... " avait déclaré le dessinateur au
quotidien Libération en 1997.
Inspiré par le cinéma d’aventures, Vance construit au fil des séries une grammaire narrative et visuelle et passe d'un univers à l'autre : de la marine anglaise avec
Howard Flynn (scénario d’Yves Duval), aux plaines du Far West de
Ringo (de Jacques Acar) ou de
Marshal Blueberry (de Jean Giraud).
Il prend également le temps de signer des récits plus personnels comme
Ramiro, qu’il scénarise seul. Puis, à partir de 1969 jusqu'en 1979 il s'attèle à l'illustration des 18 tomes de la série dédiée à l'aventurier
"Bob Morane", sur des scénarios du romancier belge Henri Vernes. Mais c'est la série "XIII", née de sa rencontre avec l'auteur Jean Van Hamme, qui va réellement le propulser aux premiers rangs de la profession.
"XIII" : thriller complotiste devenu "culte"
Vendue à plus de 14 millions d'exemplaires, la série narre les aventures d'un personnage amnésique, pourchassé par des tueurs à gage dont un homme surnommé "La Mangouste", et par les services secrets américains dirigés par le colonel Amos qui le recherchent pour l'assassinat de William Sheridan, le président des Etats-Unis.
Son seul indice pour retrouver son identité et par la même occasion survivre aux complots, aux poursuites et autres chasses à l'homme: un mystérieux chiffre "XIII" tatoué sur sa clavicule gauche...
Entre 1984 et 2007, William Vance illustre 18 tomes de cette série, dont le scénario de départ s'inspirait du roman
La mémoire dans la peau de Robert Ludlum et des différentes thèses autour de l'assassinat du président américain John Fitzgerald Kennedy. De Vance, son accolyte Van Hamme disait qu'il était
"un extraordinaire décoriste" et
"un formidable illustrateur".
Le dessin de William est un élément essentiel.Jean Van Hamme, déclaration à Paris Match, en 2005
Les créateurs arrêtent la série "XIII" avec le dix-neuvième album,
"Le dernier Round", publié en 2007. Un seul album de ce premier cycle n'est pas dessiné par Vance : "La version irlandaise", dessiné en 2007 par Jean Giraud. Un deuxième cycle de la série "XIII" redémarre en 2011 mais cette fois, contraint par la maladie, William Vance passe le crayon à Youri Jigounov... avant de s'éteindre sept ans plus tard, vaincu par la maladie.