Entre 1858 et 1862, 30 000 personnes venues du monde entier se pressent en Colombie-Britannique au Canada avec un seul but : trouver de l'or. Une exposition, qui se tient en ce moment à Montréal, retrace l'histoire de ces pionniers.
Imaginez : en quelque mois, une horde de quelque 30 000 personnes se rue, littéralement, dans des montagnes très difficiles d’accès. Toutes sont à la recherche d’une seule et unique chose : des pépites d’or…
C’est ce qu’il s’est passé en 1858 et en 1862 en Colombie-Britannique, cette province de l’Ouest canadien. Cette ruée vers l’or a eu un impact considérable sur cette région qui n’était, à l'époque, qu’un territoire britannique contrôlé par la compagnie de la Baie d’Hudson.
C’est ce qui est raconté dans l’exposition « Ruée vers l’Or, Eldorado en Colombie-Britannique » au Musée canadien de l’Histoire, à Gatineau (jusqu’en janvier 2017). Elle présente 280 artefacts qui permettent au visiteur de se plonger dans une page d’histoire du Canada.
Première ruée en 1858 dans le canyon du Fraser
Février 1858 : la nouvelle de la découverte d’or dans le canyon du fleuve Fraser se répand dans la région comme une traînée de poudre.
Dans les mois qui suivent, les chercheurs d’or affluent. Ils viennent principalement de la Californie voisine, où une ruée identique s’est déroulée en 1848.
Cette pépite appelé Turnagain pèse 1642 grammes, mesure 4,2 cm de haut sur 9,2 de profondeur et 18,1 de large. C’est la plus grosse pépite d’or trouvée en Colombie-Britannique.
Les Britanniques s’affolent face à l’arrivée massive des Américains. Ils craignent que le territoire ne tombe définitivement sous leur joug. Ils vont donc rapidement envoyer des soldats pour tenter d’imposer l’ordre, alors que la loi du plus fort règne.
Des juges et des ingénieurs vont également être envoyés pour construire des routes, des villes, etc. Pour « civiliser », en quelque sorte, cette région où se pressent 30 000 personnes venues du monde entier qui cherchent la richesse au détriment parfois de tout respect.
Des extracteurs d'or au Canada au début du XXe siècle.
« Cette ruée vers l’or illustre la folie humaine car le désir d’accumuler la richesse de l’or est tellement fort que les gens sont prêts à faire n’importe quoi, se comporter de manière brutale ou irrationnelle, une sorte de folie de foule », précise John Willis, conservateur du Musée canadien de l’Histoire.
Des armes utilisées par les chercheurs d'or avides de richesse.
La guerre sera évitée de justesse entre les Premières Nations et les chercheurs d’or mais cette époque marque le début de la fin pour les communautés autochtones qui jusqu’alors entretenaient un commerce respectueux et fructueux de pêche et de fourrure avec la compagnie de la Baie d’Hudson. « C’est une transformation majeure de leur civilisation, en ce sens qu’avant ils étaient le moteur de l’histoire et là, ils en sont à la remorque », précise John Willis. Une place qu’ils perdent donc et ne retrouveront pas.
Des confrontations entre les autochtones et les chercheurs d'or sont évitées de peu.
Étonnamment, peu de Canadiens français ou anglais prennent part à cette première ruée vers l’or. Ils seront par contre partie prenante de la deuxième, celle de 1862 dans le « Cariboo ».
C’est un Canadien français, Francis John Barnard, qui fonde une compagnie de diligence pour transporter les gens bien sûr, mais aussi les provisions, le courrier et l’or.
Un Canadien français, Francis John Barnard fonde une compagnie de diligence.
Les filons d’or se sont rapidement raréfiés en Colombie-Britannique mais la ruée vers le précieux métal a façonné cette région qui se rattache à la Confédération canadienne en 1871. On dit même que ce sont ces ruées vers l’or qui ont marqué le point de départ du développement de l’Ouest canadien et non la construction du chemin de fer. Elles marquent aussi le début de l’immigration chinoise dans cette région du Canada que les Chinois d’alors appelaient « la Montagne d’or ».