L’excitation est toujours la même. La fébrilité aussi. A quelques jours de son concert au Grand Rex, à Paris, Charlotte Dipanda met la dernière touche à son nouveau tour de chant. De sa voix douce, la jeune diva camerounaise avoue, avec pudeur, qu’elle y pense en permanence. Depuis quelques jours, c’est presqu’une obsession. En ce moment, elle dort peu, à peine quatre heures par nuit. Une seule raison à cela : elle souhaite donner le meilleur d’elle-même à son public. Ce public qui lui est fidèle depuis ses débuts. Rien n’est donc laissé au hasard. Charlotte a un œil sur tout, y compris les chorégraphies de ses danseurs et danseuses.
Sans jamais se départir de son large sourire, elle donne des consignes à ses équipes. Et si le ton est toujours calme, il reste néanmoins ferme et déterminé. De toutes les façons, elle ne doit pas crier, pas en ce moment. Et puis ce n’est pas sa nature. Elle est plutôt du genre cool et zen. Un avantage quand on prépare un concert et qu’il faut à tout prix préserver ses cordes vocales. Au reste, elle ne quitte que rarement la scène de cette grande salle de répétitions, située à Bondy, dans le nord-est de Paris. La voix claire, Charlotte enchaîne les chansons et les pas de danse.
C’est la troisième grande salle parisienne qu’elle investit, après la Cigale en 2015, et l’Olympia un an plus tard. Afin de se préserver de la pression qui monte chaque jour davantage, elle dit être rentrée dans une sorte de bulle, dont elle ne sortira que quelques heures avant le concert. Née en 1985 au Cameroun, Charlotte se considère comme une artiste dans l’âme. Du plus loin qu’elle se souvienne, elle a toujours su qu’elle monterait sur scène. Adolescente introvertie, elle commence à écrire très tôt, comme s’il y avait une urgence à coucher par écrit son ressenti. Le goût du chant, elle le doit à feue sa grand-mère, qui chantait en bakaka, sa langue maternelle, et à qui elle a rendu hommage dans son premier album intitulé Mispa, du nom de cette grand-mère.
Un orchestre philarmonique pour le prochain album
Le métier d’artiste musicienne, Charlotte l’a appris dans les cabarets de Yaoundé et Douala, les capitales politique et économique du Cameroun. En 2001, année charnière, elle sort un disque co-écrit avec feu le guitariste camerounais Jeannot Hens ; mais surtout, elle s’installe à Paris, où le grand auteur-compositeur et interprète congolais Lokua Kanza, la recommande comme choriste auprès d’immenses artistes tels que Papa Wemba. Quatre ans plus tard, après la naissance de son fils, Charlotte Dipanda se décide enfin à voler de ses propres ailes. Elle se sentait prête à chanter ses mots à elle. Aujourd’hui elle en est à son quatrième album, et pense déjà au prochain, dans lequel elle souhaite jouer avec un orchestre philharmonique.
Entre temps, il y a eu l’aventure « The Voice Afrique Francophone ». Après les appréhensions des débuts, liées en particulier au fait qu’elle se demandait si elle était prête à donner son avis à des personnes en début de carrière, et surtout, si elle était légitime aux côtés de Lokua Kanza par exemple, elle savoure aujourd’hui le bonheur et le privilège que représente cette émission. Elle a agi comme un formidable accélérateur de carrière. C’est avec la même joie et un grand enthousiasme qu’elle évoque le tournage de la série « River Hotel », actuellement à l’affiche sur notre chaîne.