Cinéma : quatre films ukrainiens sélectionnés et projetés à Cannes

Le Festival de Cannes avait promis que "l'Ukraine serait dans toutes les têtes" lors de son édition-anniversaire, qui se termine ce samedi. Quatre films emblématiques et puissants sont présentés dans différentes catégories.
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Montée des marches de l'équipe du film ukrainien The Butterfly vision
L'équipe de "Butterfly Vision" et des participants du Festival de Cannes manifestent sur les marches de la Croisette. Sur la bannière on peut lire "Les Russes tuent des Ukrainiens. Trouvez-vous offensant ou dérangeant de parler de ce génocide ?" Cannes, le 25 mai 2022.
© AP Photo/Petros Giannakouris
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Quatre films très différents, mais chacun donnant sa vision du conflit qui déchire l'Ukraine. Parmi eux, deux premiers longs-métrages et un film posthume, celui du réalisateur lituanien Mantas Kvedaravičius, mort à Marioupol en plein tournage.

"Pamfir"

Présenté à la Quinzaine des réalisateurs, ce premier long-métrage de Dmytro Sukholytkyv-Sobchuk dresse un tableau sans concession de la région du Tchernivtsi, à la frontière entre l’Ukraine et la Roumanie, une région pauvre et corrompue, mais aussi pétrie de traditions millénaires. 

Pamfir gagne honnêtement sa vie dans le bâtiment en Roumanie, mais doit pour cela laisser sa femme et son fils adorés pendant des mois. Très affecté par ses absences, son fils commet un acte de vandalisme, que Pamfir doit réparer.

Pour y parvenir, il renoue avec la contrebande, qu’il avait laissé tomber des années plus tôt. Un engrenage tragique va se refermer sur lui et sa famille. 

Le réalisateur a voulu aborder la question de l'émigration ukrainienne et du "gouffre qui sépare l’Ukraine et l'Union européenne". Le réalisateur assure que depuis le début de la guerre, il n'a quitté l'Ukraine "que quelques jours pour achever la postproduction" du film, mais souhaite y retourner rapidement, pour "documenter" ce qui s’y passe.

"Butterfly Vision"

A la lisière du documentaire, "Butterfly Vision", premier long-métrage de Maskym Nakonechni présenté en Sélection officielle, revient sur le sort des femmes soldats ukrainiennes capturées par les Russes.

Le film a été tourné dans la région du Donbass, qui a été, en 2014 - bien avant la guerre actuelle - un lieu d'affrontements entre le gouvernement ukrainien, des séparatistes pro-russes et la Russie. 

Voir : "Tranchées", de Loup Bureau, cette guerre en Ukraine qui n'en finit pas

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Il raconte l'histoire de Lilia, spécialiste en reconnaissance aérienne qui tente de surmonter le traumatisme de sa capture, et de son viol commis par des Russes. Un film ancré dans le réel, explique son réalisateur à l'AFP, qui raconte avoir couvert avec "des collègues réalisateurs" les événements dans le Donbass en 2014.

Alors qu'il réalise un documentaire sur des femmes soldats, il se rend compte qu'elles redoutent une chose bien plus que la mort: être violées. Récit fort sur les cicatrices invisibles laissées par la guerre, Maskym Nakonechni espère que son film permettra de rendre compte de la vie de ces femmes. Et d'envoyer le message suivant: "Une guerre ne s'achève jamais avec le dépôt des armes".

"The Natural History of Destruction"

Habitué de la Croisette, le réalisateur de "Maïdan" ou "Donbass", Sergei Loznitsa, a présenté, en Sélection officielle, "The Natural History of Destruction", un documentaire sur la destruction des villes allemandes par les Alliés pendant la Seconde Guerre mondiale. 

Inspiré de l'ouvrage de l'écrivain W.G.Sebald, le film exhume d'impressionnantes images d'archives sur ces bombardements stratégiques destinés à détruire les capacités militaires de l'Allemagne nazie et saper le moral du peuple allemand. 

Figure importante du cinéma ukrainien, Sergei Loznitsa a été, fin mars, écarté de l'Académie cinématographique d'Ukraine pour avoir refusé de mettre tous les artistes russes dans le même panier. Position qu'il a de nouveau défendue auprès de l'AFP, qualifiant "d'attitude inhumaine" le projet de boycott des artistes russes en raison de leur seule nationalité.

"Mariupolis 2"

Film posthume montrant l'Ukraine sous les bombes, "Mariupolis 2" est le dernier documentaire du Lituanien Mantas Kvedaravičius, tué il y a peine deux mois dans la ville-martyre.

Sans voix off, ni musique, ce long-métrage tourné dans un style très dépouillé, alterne entre longs plans montrant des paysages de désolation et scènes de la vie quotidienne d'habitants tentant de survivre, certains réfugiés dans le sous-sol d'une église. Un témoignage rare d'une ville qui a longtemps été le symbole de la résistance ukrainienne, avec la présence de soldats retranchés dans l'usine Azovstal, avant de tomber aux mains des Russes.

Voir : Ukraine : à Marioupol, le régiment Azov refuse de se rendre

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Après la mort de Mantas Kvedaravičius, sa fiancée Hanna Bilobrova, qui l'accompagnait, a pu rapporter les images tournées là-bas et les assembler. "C'était important pour lui de montrer la vie et les gens en temps de guerre plutôt que la guerre", a-t-elle raconté à l'AFP.