Fil d'Ariane
Attention les yeux et les oreilles ! Une scène de 80 mètres de long a été installée. Dix écrans géants permettront à un demi-million de personnes de se régaler. On ne rigole pas avec la logistique : un Boeing 747 est venu pour acheminer pas moins 61 conteneurs.
Le concert, en plein air, à la Cuidad deportiva ("Cité sportive") dans le quartier du Cerro. Le spectacle est gratuit. Il est entièrement financé par le groupe. Les Stones se rembourseront avec la captation de cet événement qui fera l'objet d'une parution DVD et mais aussi d'un CD. Aucun risque : à concert historique, contrats fameux ! Les droits de diffusion télé couvriront largement les frais engagés.
Et l'accueil promet d'être fiévreux.
¡Hola Cuba! The Stones have arrived in Habana!
— The Rolling Stones (@RollingStones) 25 mars 2016
Free concert tomorrow at Ciudad Deportiva de la Habana#StonesCuba pic.twitter.com/eqpCiSm8cc
Déjà, le 6 mars, Major Lazer, ce collectif américain qui associe la musique populaire jamaïcaine avec de la musique électro, a soulevé un tsunami d'enthousiasme chez 400 000 personnes.
Prometteur.
Les Rolling Stones, qui labourent la planète depuis plus d'un demi-siècle, et collectent autant de rappels que de millions de dollars, sont attendus avec une impatience relative. Nombre de Cubains ne connaissent tout simplement pas la musique du groupe ! Pendant longtemps, seuls les Beatles, plus "gentils", moins "polémique" ont été tolérés.
L'affiche officielle (absente des murs de La Havane, où la publicité est interdite) pic.twitter.com/FOF8NabDl0
— Alexandre Grosbois (@Alexgrosbois) 24 mars 2016
Mick Jagger, Charlie Watts, Ronnie Woods et Keith Richards, tous septuagénaires, sont conscients de l'extraordinaire impact de ce concert à l'hiver de leur carrière. En guise de carton d'invitation, les septuagénaires ont conçu un petit film promotionnel d'une minute diffusé par le portail d'informations Cubainformacion.tv. "Nous sommes passés par de nombreux lieux incroyables, mais ce concert sera historique pour nous et, nous l'espérons, pour vous aussi. Merci de nous recevoir dans votre beau pays" annonce Mick Jagger dans un espagnol curieux, où domine, comme il est normal, un fort accent anglais.
Le temps a passé. En 1962, année de naissance du groupe, le rock était considéré comme une arme de propagande de l’impérialisme américain. Le journal officiel cubain Granma (traduit par Courrier International) a anticipé la venue du groupe :
«Des milliers de Cubains, pris dans une excitation adolescente, vont régler leur contentieux avec le passé et formeront sans doute le public le plus fébrile que les Rolling Stones aient jamais connu dans leur carrière.»
Une vérité officielle qui, pour une fois, ne sonne pas faux.