Dario Fo has passed away at age 90. He was awarded the 1997 #NobelPrize in Literature. pic.twitter.com/DyjsvNf26u
— The Nobel Prize (@NobelPrize) 13 octobre 2016
Dario Fo, marqué politiquement à l'extrême-gauche, continue de dézinguer
à tout-va dans ces oeuvres. Ces démêlés avec la justice et les innombrables procès que lui font les militants d'extrême-droite, loin de l'abattre, semblent doper son inspiration. Tant pis s'il lui faut attendre 1977 pour que ses pièces passent à la télévision ! Bien plus tard, Dario Fo soutiendra le comique Beppe Grillo et le Mouvement 5 étoiles.
En 1969, il connaît un premier triomphe avec "Misterio Buffo" qui sera traduit dans toutes les langues et joué partout. Anticlérical, il féraille contre la morale imposée par le Vatican en Italie dans "Le pape et la sorcière". D'un scandale l'autre.
En 2003, sa farce "L’Anormal bicéphale" contre Silvio Berlusconi, alors chef du gouvernement, se joue à guichets fermés. "J’ai toujours été… en italien on dit “un topo”… un rat, oui, un rat de bibliothèque, engloutissant toutes les lectures possibles, de la littérature à la tradition populaire, des clowns aux bouffons de la commedia dell’arte. " disait-il.
Lui se perçoit d'abord comme "jongleur" avant que d'être auteur. Il explique : "Le jongleur, c'était celui qui avait la possibilité d'attirer l'attention des gens de la rue. Ça, c'était vraiment le commencement du théâtre de tous les temps. Le jongleur, c'est le commencement de la fabulation dans l'histoire du monde. "
En 1997, il devient le sixième Nobel de littérature italien, rejoignant un autre géant du théâtre, Luigi Pirandello. Le jury de Stockholm le distingue pour avoir "dans la tradition des bateleurs médiévaux, fustigé le pouvoir et restauré la dignité des humiliés". Cette attribution fait grincer quelques dents. Ainsi, le Prix Nobel polonais
Czeslaw Milosz déclare sa stupéfaction : "C'est quelqu'un de complètement inconnu" lance-t-il.
Son compatriote, l'Italien Mario Luzi ne digère pas davantage le lauréat. Lui qui était pressenti pour ce prix depuis plusieurs années lâche, amer : "C'est une démonstration de pure méchanceté contre les écrivains qu'on avait proposés, et notamment contre moi".
Dario Fo reste impassible. L'Osservatore Romano, organe officiel du Saint-Siège, s'étrangle d'indignation. Le journal écrit : "Après tant de génies, un bouffon !" Cette fois, Dario Fo réplique : "Rappelle-toi, Église, combien de bouffons tu as fait pendre ! " Puis : "Dieu existe ! C'est un bouffon !"
Le président du Conseil italien, Matteo Renzi, lui-même la cible des satires militantes de Dario Fo, a rendu hommage à l'artiste en disant que l'Italie avait perdu "un des grands protagonistes de sa vie théâtrale, culturelle et sociale".
Là où il se trouve, l'artiste a dû accueillir cet hommage avec un grand éclat de rire.