Si l'exil avait une voix, ce serait probablement la sienne : le musicien Geoffrey Oryema est mort d'un cancer ce 22 juin à l'âge de 65 ans en France. Chacun sa route, chacun son destin, c'était lui. Un chemin qui, pour lui, avait débuté en Ouganda. Portrait.
Geoffrey Oryema, ce n'était pas qu'une voix. C'était d'abord une histoire, un passé difficile. Celui d'un enfant d'Ouganda né en 1953 à Soroti et contraint de fuir le pays pour la France à l'age de 23 ans, après l'assassinat de son père sous la dictature du maréchal Idi Amin Dada - il avait été ministre sous Milton Oboté, artisan de l'indépendance. Une ombre paternelle, un esprit qui ne le quittera jamais...
Avant Spirit, son quatrième album, il y a eu Exile, le premier, sorti en 1991 sous l'impulsion du britannique Peter Gabriel. En France, le titre Yé lé lé deviendra le générique de la célèbre émission Le Cercle de Minuit. En 1996, celui qu'on surnomme le Leonard Cohen africain gagne même une Victoire de la musique avec le groupe KOD confondé avec Manu Katché et Tonton David.
Grand nom de la world music, Geoffrey Oryema faisait le pont entre tradition et modernité. Il usait du lukemé ou du sanza pour ses mélodies, mais l'électronique ne lui faisait pas peur pour autant, le rock non plus.
Riche, mêlant des influences diverses, sa musique continuera de traverser le monde. Le chanteur, lui, retournera au pays, après une cérémonie religieuse dans l'Ouest de la France. Ses cendres doivent être dispersées à Anaka, dans le nord ougandais, la terre de ses ancêtres...