En cette semaine de la langue française, Emmanuel Dongala raconte son expérience d'enseignant en chimie et en littérature francophone aux Etats-Unis. "Un fusil dans la main, un poème dans la poche", "Johnny chien méchant" ont été parmi ses plus grands succès. Evoquant aussi la situation dans son pays, le Congo-Brazzaville, l'écrivain se montre très critique sur l'élection présidentielle qui s'y tiendra le 20 mars.
"Pour moi la création, c’est en français! Le français fait partie de moi, et c'est spontanément que j'écris en français", ainsi s'exprime Emmanuel Dongala sur le plateau de TV5monde, interrogé sur son lien avec la langue de Molière.
L'écrivain congolais, qui est aussi professeur de chimie dans un collège du Massachussets, aux Etats-Unis, est l'auteur de nombreux ouvrages à succès. "Un fusil dans la main, un poème dans la poche", "Jazz et vin de palme", "Johnny chien méchant", qui fut adapté au cinéma, "Photo de groupe au bord du fleuve" ont permis à la littérature africaine de sortir du continent, et de traverser les frontières francophones.
A la question : le livre est-il en danger à l'air du "tout" numérique ? La réponse d'Emmanuel Dongala est "non, pas du tout, en fait ce qui est bien avec le livre c’est qu’on peut le mettre dans sa poche pas besoin d’électricité, de le brancher à une prise, le problème c’est plus qu’il n’y a pas assez de gens qui lisent".
La littérature congolaise est-elle une littérature de contestation ? "J’écris ce que je veux et ce que je pense, même quand le Congo était sous parti unique et sous censure, j’ai écrit ce que je voulais et j’ai été censuré. La littérature congolaise c’est quelque chose qui défie les puissants", confie-t-il.
Emmanuel Dongala avait d'ailleurs du fuir son pays, le Congo-Brazzaville, au moment où il avait basculé dans le chaos à la fin des années 1990. Interrogé sur les "ratés" dans les processus électoraux constatés à travers le continent africain, l'écrivain répond: "ce qui se passe est désolant, qu’il y ait des gens qui s’accrochent au pouvoir, qui trichent c’est d’ailleurs ce qui se passe dans mon pays, au Congo brazzaville , on sait que les élections seront truquées, les dés sont pipés, c’est malheureux de dire que la démocratie ne prend pas."
Ces élections seront truquées, les dés sont pipés Emmanuel Dongala
Il explique aussi qu'à l'époque, il est parti pour des raisons de sécurité, "j’avais tout perdu pendant cette guerre, mais je rentre au Congo quand je veux maintenant, mais le fait de vivre ailleurs permet un autre regard sur son pays, d’ailleurs, si j’étais resté au Congo je n’aurais pas écrit 'Johnny chien méchant'".
Pour revenir à cette semaine où l'on célèbre la langue française, s'il lui fallait choisir un mot, un mot préféré, le coeur d'Emmanuel Dongala battrait pour cet adjectif : "merveilleux".