"Et voilà", Robert Charlebois est de retour !

Il n’a rien perdu de sa tignasse, ni de son humour et son énergie légendaire. A l’aube de ses 75 ans, Robert Charlebois lance un nouvel album, « Et Voilà ». Dix chansons au total, dont une qui marque ses retrouvailles avec sa complice de toujours, Louise Forestier, et une autre avec un texte de son grand ami, l’unique Réjean Ducharme. 
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Robert Charlebois nouvel album
A 75 ans, Robert Charlebois signe avec "Et voilà" son 25ème album.
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Le disque s’ouvre avec des notes de guitare sur la chanson « Le manque de confiance en soi », avec les paroles-choc de Réjean Ducharme, l’immense écrivain québécois disparu récemment et qui était un grand ami de Robert Charlebois : « on va manquer not coup, on va faire fall ball, on va faire petak, on va manquer not coup, on va s’faire pogner ». 
Réjean l’avait écrite dans les années 70 pour Robert et Pauline Julien, une autre grande artiste québécoise. Un texte redécouvert un peu par hasard par la femme de Robert Charlebois dans les trésors accumulés par le chanteur depuis des décennies. « C’est une pépite, quel titre extraordinaire, inimitable, c’est du Réjean à son meilleur ! Je l’avais dans un tiroir depuis tout ce temps, mais Pauline Julien n’a jamais voulu la chanter. C’est un bijou et un miracle, car je l’avais oublié » explique Robert Charlebois. L’artiste avait déjà composé une musique sur laquelle il essayait de coller un texte, mais il en était peu satisfait. Sa femme lui a alors tendu le texte de Réjean Ducharme. Le lendemain au studio, Robert colle le texte sur la musique et tout tombe parfaitement. En une prise, « Le manque de confiance en soi » était emballé, pesé.

Retrouvailles avec Louise Forestier

"Lindberg", c’est un des grands duos de la chanson québécoise. Dans ce nouveau disque, l’artiste retrouve sa complice le temps de chanter le déchirement d’un vieux couple en pleine séparation, « Monsieur l’ingénieur », une chanson écrite par la Française Marie Dabadie mais que Robert et Louise se sont fait un malin plaisir à « québéciser ». 
« On ne s’est jamais quitté. Sa voix n’a pas bougé et nos deux voix ensemble sont magiques » dit Robert, « il y a toujours eu une étincelle entre Robert et moi et même si on ne se voit pas pendant des années, cette étincelle renaît dès qu’on se revoit » ajoute Louise.

Album enregistré à New York et Montréal

Robert Charlebois est allé enregistrer cet album dans les studios Boiler Room à Brooklyn avec de jeunes New-Yorkais,  le claviériste Chris Soper et le multi-instrumentiste Jesse Signer, parce qu’il avait envie de se faire potentiellement remettre en question par des musiciens qui ne le connaissaient pas. Et l’album a été réalisé par Gus Van Go et Wermer F. « J’ai grandi avec les disques de Robert Charlebois qui jouaient à la maison, a déclaré Gus Van Go. Jamais je n’aurais pu espérer en réaliser un. Mais, dès notre premier jour ensemble, j’ai su que ça fonctionnerait. On s’est immédiatement entendus, et il m’a fait entièrement confiance. Ça a été naturel et facile. Robert est un gentleman et un véritable artiste, et la réalisation de ce disque représente le plus grand honneur qu’on m’ait fait à ce jour ». Et le musicien Chris Soper de renchérir : « Ç’a été une joie immense de travailler avec Robert Charlebois, autant au niveau créatif que personnel. (…) Ses compositions, qui pouvaient être difficiles et denses, brutes ou émotionnelles, ainsi que ses performances en studio nous ont clairement démontré pourquoi il est acclamé depuis tant de décennies ». 

Robert Charlebois a aussi fait dans ce disque une chanson à la mémoire de Johnny Halliday. Il a voulu saluer la bête de scène qu’était le rockeur français qui était son ami et avec qui il a fait « pas mal de choses ».

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Le Québécois était aussi très proche d’Higelin, de Maurane, d’Aznavour, et toutes ces disparitions l’ont énormément peiné. Charlebois rend aussi hommage à Elvis Presley dans cet album en adaptant, en français, la célèbre « Can’t help failing in love », elle-même inspirée de la chanson française « plaisir d’amour ». 

« Et voilà »

Très belle pièce que cette chanson dépouillée qui donne son nom à l’album, parce que Garou le fou (son surnom) jette un coup d’œil dans le rétroviseur et il fait le bilan de sa vie, sa carrière et sur le temps qui passe : « La terre continue à tourner, moi j’ai fini ma tournée, j’ai perdu tellement d’amis cette année, trois cheveux blancs, mais j’ai gardé mon nez… La mer continue à monter, ce soir j’ai peur de me montrer bien plus ordinaire que vous m’imaginez, j’aurais pu, j’aurais dû beaucoup mieux vous aimer ». 
« Un gars de 30 ans ne peut pas faire attention à ces choses-là, il faut avoir un certain âge pour écrire une chanson comme ça » précise-t-il. C’est aussi un petit clin d’œil lancé à Charles Aznavour qui disait que toute sa vie, il avait essayé d’écrire une chanson avec l’expression « et voilà ». Son ami Robert l’a fait pour lui.

Pas de retraite pour cette légende de la chanson québécoise

Robert Charlebois est une légende au Québec : il a marqué la chanson québécoise et son répertoire est composé de chansons éternelles qui n’ont pas pris une ride et qui nous font dresser les poils sur les bras à chaque écoute : "Lindberg", "Ordinaire", "Les ailes d’un ange", "Je reviendrais à Montréal", "Entre deux joints", "Dolorès", "Conception", "La manufacture pour ne citer qu’elles"
Robert Charlebois n’a pas du tout l’intention de raccrocher sa guitare et fermer son piano : oui, il y en aura d’autres, des nouvelles chansons, d’autres albums, et beaucoup de concerts aussi, « pour rester en vie, finalement, parce que sans nouvelles idées, c’est la mort ». Il a le mot « retraite » en horreur et la scène est comme une deuxième peau pour lui, voilà pourquoi il va présenter en juin prochain au public montréalais un tout nouveau spectacle, « Robert en Charleboiscope », dans lequel il compte interpréter plusieurs de ces nouvelles chansons, mais aussi, et bien sûr, ses éternelles, qui seront agrémentées de vidéos d’époque. Un spectacle son et lumière pour lequel on annonce déjà des supplémentaires à Montréal et Québec. Le monstre sacré est bien en vie !

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Reportage : Estelle Martin, Catherine François, Christophe Harnoy