"Folia" est le spectacle d'ouverture du festival "Les nuits de Fourvière", à Lyon, débuté ce vendredi 1er juin 2018. Mourad Merzouki, le chorégraphe lyonnais, y joue avec les tarentelles, ces danses et musiques traditionnelles du sud de l'Italie.
"Folia" rassemble 17 danseurs et danseuses - du classique sur pointes au hip hop en passant par la danse contemporaine - aux côtés de sept musiciens et d'une soprano derrière un voile. Avec toujours la même volonté de "créer des dialogues entre ces mondes et ces techniques".
Une ligne que Merzouki, 44 ans, poursuit depuis la première création de sa compagnie Käfig en 1998, "Récital", où six danseurs de hip-hop se frottaient aux sonorités du violon et du "talk box", appareil qui permet au musicien de faire prononcer des syllabes à son instrument. Dans "Boxe Boxe" (2010), il explorait les rapports entre le combat et la danse sur une musique jouée en live par le Quatuor Debussy, ensemble lyonnais à cordes.
Sur la scène du Grand théâtre de Fourvière, le spectacle s'ouvre sur le cosmos et un jeu de ballons-astres. La Terre finit par éclater mais la troupe s'accroche à un dernier lopin (gonflable)... "Ce n'est pas un spectacle écolo", souligne Merzouki, mais la folie de "Folia" est aussi "celle de l'Homme face au monde qui l'entoure". Elle s'exprime dans des mouvements proches de la transe, où l'on retrouve la tarentelle.
Quatre des artistes sont issus du centre chorégraphique Pôle Pik, fondé en 2009 à Bron, en banlieue lyonnaise, par Mourad Merzouki. "Ce sera leur première scène, et pas des moindres. C'est un pari mais si on ne leur donne pas l'opportunité de s'exposer, elle n'arrivera jamais", estime celui qui a découvert le hip-hop à la fin des années 1980 à la MJC de Saint-Priest avec son ami Kader Attou, qui dirige aujourd'hui le CCN de La Rochelle.
Malgré la polémique suscitée par le projet en 2015, il reste favorable à la création d'un diplôme d'État et a mis sur pied à Bron un programme de formation, Campus, pour "outiller" ceux qui aspirent à vivre de la discipline. Convaincu que "si le hip-hop a acquis sa force et sa singularité dans la rue, il a aussi sa place dans les théâtres". Après les Nuits de Fourvière, "Folia" doit tourner en Espagne et Merzouki reviendra à Lyon en septembre pour la Biennale de la Danse avec une autre création, "Vertikal".