Il ne s'agit pas de l'une des nombreuses séquences vidéos disponibles sur la toile où l'on voit les forces de l'ordre matraquer des manifestants, non, il s'agit d'une fresque, une simple fresque dont la facture est des plus classiques. Elle représente une femme à terre, tenant un drapeau bleu-blanc-rouge effiloché. Cette femme, c'est Marianne, LE symbole républicain, icône de la liberté et de la démocratie. Devant elle, deux policiers anti-émeute. L'un d'eux tient un bouclier "49.3", allusion à l'article de la Constitution qui a permis de faire adopter le texte de la loi Travail sans vote.
Les policiers s'apprêtent à matraquer la femme. Réalisée par l'artiste Goin, cette peinture est baptisée L'État matraquant la liberté. Elle a été réalisée sur un mur proche de la gare dans le cadre du Grenoble Street Art Festival qui s'est tenu du 8 au 26 juin. Il n'en fallait pas davantage pour provoquer une indignation majeure, provoquant un vif émoi jusqu'aux plus hautes autorités de l' Etat français.
Fresque honteuse à Grenoble, soutien total aux forces de l'ordre, @EricPiolle doit prendre ses responsabilités pic.twitter.com/4Qg5wARxlp
— Jean-Pierre BARBIER (@JPBARBIERISERE) 25 juin 2016
Plein soutien aux policiers qui protègent chaque jour les Grenoblois, et qui attendent d'@EricPiolle qu'il leur dise ses regrets #fresque
— Bernard Cazeneuve (@BCazeneuve) 26 juin 2016
"Il faut que @BCazeneuve transmette aux artistes la liste de ce qu'ils ont droit de faire ou pas" pic.twitter.com/A8lHjn5pyt
— Nabil Touati (@salam93) 27 juin 2016
Sur les réseaux sociaux nombre d'internautes semblent s'interroger sur cette poussée de fièvre au sujet d'une fresque :
Effacer cette #fresque à #Grenoble ? Détruisons aussi "La Liberté guidant le peuple" pour apologie révolutionnaire ! pic.twitter.com/mvrBfLnhz3
— PYB38 (@pyb_38) 27 juin 2016
Les anonymous trouvent cette fresque "magnifique" et préviennent : " Laissez l'art tranquille !" et le philosophe Raphael Enthoven, pour une fois, ne fait preuve de guère d'esprit dans sa réaction :
#fresque de la discorde à #Grenoble... Faut-il interdire un dessin débile ? #LMDI 7h25 #Europe1 pic.twitter.com/eCpExlXzHF
— Raphaël Enthoven (@Enthoven_R) 27 juin 2016
#Grenoble.La fresque dénonçant les violences policières fait scandale. Et sinon la liberté d'expression? #LoiTravail pic.twitter.com/5Vud2p0vBc
— Thomas Portes (@thomasportesPCF) 27 juin 2016
Le mouvement politique Debout la France, évoque une fresque "de la honte", "abjecte" et qui doit être retirée. Elle ne le sera pas. Dans les jours à venir, le mur sur laquelle elle repose, près du quartier de la gare, doit être prochainement détruit.