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Germaine Acogny : "Je suis fière d'être noire et fière d'être femme"

Le Musée d'Orsay célèbre le "modèle noir", une exposition inédite où les plus grands artistes sont convoqués pour l'événement. De Géricault à Matisse, en passant par le Douanier Rousseau, au côté de grandes figures contemporaines, comme la chorégraphe et danseuse Germaine Acogny qui revisite le célèbre ballet de Nijinski "le Sacre du printemps". Une performance créée pour elle en 2014 par le chorégraphe français Olivier Dubois, qu'elle emmène sur ses terres africaines. Pour l'occasion, l'artiste s'est livrée à nos équipes.
 

Des modèles noirs honorés au Musée d'Orsay et parmi les visiteurs, Germaine Acogny qui découvre le prénom de la servante du célèbre tableau de Manet "L'Olympia", rebaptisé "Laure" pour l'exposition.
 

Je suis très heureuse qu'on mette à l'honneur ces modèles noirs qui sont des modèles pour la jeunesse et pas seulement africaine.

"Quand on connaît l'histoire qu'on est cultivé on est libre de faire le choix. Il faut l'éducation pour libérer les gens", s'enthousiasme la chorégraphe.

Pour cet événement, Germaine Acogny s'expose elle aussi en réinterprétant, dans l'auditorium du Musée, "le Sacre du printemps", fameux ballet, vieux de plus d'un siècle de Vaslav Nijinski. Des rites païens de l'ancienne Russie qu'elle emmène en solo sur ses terres africaines. "J'ai apporté moi-même ce que je suis, des danses de chez moi", explique l'artiste, fondatrice de l'école des Sables, centre international de danse contemporaine situé dans un village de pêcheur au Sénégal. "Il y a le sabar qui est la danse spécifique au Sénégal des Lébous, des Wolof , il y a les danses Jola, les danses Sérère."
 

Je suis née au Bénin et j'ai vécu au Sénégal et je dis que j'ai l'instinct béninois et le geste sénégalais.

Ce ballet, Maurice Béjart, dont elle se dit la "fille noire", l'avait déjà envisagé pour elle. Mais le rêve ne s'est jamais réalisé. Béjart décédé, c'est Olivier Dubois qui reprend le flambeau. Le chorégraphe réinvente pour elle ce fameux Sacre qui fit scandale lors de sa première en 1913 aux théâtre des Champs-Elysées.

Sur la musique de Stravinski qu'elle dompte et domine dans un espace réduit,  la danseuse est "l'élue noire" sacrifiée qui célèbre ses ancêtres. "Je parle aussi puisque c'est un rituel, un rite païen donc universel."
 

Je rend hommage à la nature, aux ancêtres mais surtout je cite des textes d'Aimé Césaire, et en fait c'est sur la colonisation.

Une performance dans laquelle l'artiste s'abandonne avec ferveur, Germaine Acogny livre avec intensité son identité de femme noire. "Moi je suis fière d'être noire, d'être femme, ce que j'enseigne aux jeunes, c'est d'être fiers de ce qu'ils sont : noirs, verts, jaunes ou rouges." 

Fière elle peut l'être aussi, du parcours accompli, elle qui figure aujourd'hui au premier plan dans l'univers de la danse contemporaine et qui confie ne pas avoir eu de modèles noirs auxquels s'identifier dans sa jeunesse. 

  • Le Modèle noir, de Géricault à Matisse, au Musée d'Orsay, à Paris, jusqu'au 21 juillet 2019.
  • "Mon élue noire - Sacre#2", de Olivier Dubois.