Fil d'Ariane
Une élégance rare, un visage émacié, un peu improbable, où pointait, aussi, une certaine fragilité : tel était Hubert Mounier. L'artiste, qui avait trois filles et un petit-fils, était né en 1962 à Lyon. Une enfance marquée par un drame : son père est abattu dans un bar lors d'un règlement de comptes entre deux bandes rivales, en 1975, à l'époque du gang des Lyonnais. L'enquête révèlera qu'il se trouvait là par hasard, en simple habitué du lieu.
Hubert Mounier, est décédé d'une "rupture aortique foudroyante", selon son épouse, qui écrit sur la page Facebook du chanteur : "C'est avec une profonde tristesse que je vous annonce le décès d'Hubert survenu ce matin. De nous deux, c'est lui qui savait faire chanter les mots, j'ai du mal à trouver les miens pour vous dire ma peine".
Il fonde l'Affaire Louis' Trio en 1982, sous le pseudonyme de Cleet Boris. Il avouera au journaliste Philippe Vandel sur France Info : "Je n’aurais jamais écrit tout ce que j’ai fait avec L’affaire Louis'Trio si je n’avais pas été alcoolique"
En 1987, la chanson Chic Planète, tirée de l'album du même nom, rencontre le succès. Tout le monde se gondole dans les boites. Pas de maux de tête. Les paroles se laissent boire :
Le groupe sort aussitôt de l'ombre et remporte une Victoire de la Musique. Autre tube, "Tout mais pas ça", qui renforce la notoriété du groupe :
Les succès s'enchainent : "Chacun de son côté" ou "Mobilis in Mobile".
L'Affaire Louis' Trio explose en 1997. S'ensuit une période dépressive. Il commence une carrière en solo avec trois albums qu'il réalise avec Benjamin Biolay.
Hubert Mounier, sous le pseudonyme de Cleet Boris, publie plusieurs albums de bande dessinée. Il préparait d'ailleurs depuis deux ans une bande dessinée consacrée à Tarzan.
Lors de la parution de La Maison de Pain d’épice, le journal d’un disque, il se confie sur ce qui fait vibrer son moteur créatif : "Le challenge était d’arriver à être authentique pour raconter les choses telles qu’elles se passent. J’ai pris beaucoup de plaisir à le faire, parce que, pour une fois, on laissait un vrai chanteur, auteur, compositeur, raconter sa vérité en mettant les caméras où il voulait pour faire sa bédé-réalité à lui. Après toutes les conneries que j’ai pu voir à la télé, j’ai bien compris que les téléspectateurs considéraient que c’était facile de faire des chansons et de devenir artiste. Ils pensaient qu’il suffisait de passer à la Nouvelle Star ou je ne sais pas quoi. J’ai voulu dire que non, ce n’est pas si facile que ça. On est seul dans son coin, on compte sur ses enfants et sur sa femme pour se faire une idée de l’impact que peut avoir une chanson. Je raconte dans ce bouquin que c’est un peu de l’artisanat. Je raconte aussi les affres de la création et de l’âme humaine. Si je suis artiste, c’est aussi parce que j’ai des petits vices de forme, des petites fêlures ou des cassures remontant assez loin, avec lesquelles on apprend à vivre, qui servent à faire des chansons, qui parfois sont rigolotes d’aspect et qui, si on se penche un peu sur le texte, ne sont pas aussi roses que je l’aurais aimé."
La nouvelle de sa disparition s'est propagée sur les réseaux sociaux, avec ce message mis en ligne par le chanteur Benjamin Biolay sur Instagram : "Mon ami. Mon grand frère. Mon professeur de chanson. Tu vas me manquer atrocement, génie. Je t'aime."