Jean-Marc Vallée est le grand gagnant de la soirée. Avec sa série « Big Little Lies » nominée dans six catégories, il a remporté, dimanche 7 janvier, pas moins de quatre
Golden Globes. Non seulement le trophée de la meilleure mini-série mais aussi des récompenses pour Nicole Kidman (meilleure actrice), Laura Dern, (meilleur second rôle féminin) et Alexander Skarsgard (meilleur second rôle masculin).
Cette production cinématographique d’HBO, lancée en février 2017, est adaptée d’un roman de Liane Moriarty, « Petits secrets, grands mensonges », paru aux éditions Albin Michel. Elle nous plonge dans l’intimité de Monterey, une petite ville huppée de Californie. Il y règne en apparence un monde de beauté, et des sourires en façade. Mais sous le vernis qui craquèle au fil des sept épisodes, apparaissent la complexité, la contradiction entre l’image de soi et la réalité, les petits mensonges et les grandes souffrances. La série dénonce avec réalisme et dans une réalisation maîtrisée et une esthétique poussée, les violences faites aux femmes jusqu'à prendre la forme d’un manifeste. Pour certains, elle est considérée comme
la série la plus féministe de l’année 2017.
Dailleurs, après avoir dédié son prix aux trois autres actrices principales de la mini-série, Nicole Kidman a rappelé que le personnage qu’elle interprète occupe un rôle central dans ce contexte de dénonciation du harcèlement sexuel.
A cela il faut ajouter un casting et une équipe prestigieuse. Côté scénario David E. Kelley, le célèbrissime producteur et scénariste de la télévision américaine depuis trente ans. Côté actrices, outre la talentueuse Nicole Kidman, on retrouve Reese Witherspoon, Laura Dern, Shailene Woodley.
Je trouve qu’il réussit très bien à capturer l’authenticité et la vérité.Shailène Woodley, actrice
Toutes sont «
amoureuses du travail du réalisateur », comme elles le livrent dans un entretien à
Allo Ciné. Shailène Woodley est sa première «
fan ». «
Je trouve qu’il réussit très bien à capturer l’authenticité et la vérité. Beaucoup d’autres le peuvent, mais ne prennent pas forcément le temps de le faire. Lui, ça lui tient à cœur. Il aime le réalisme et la crudité. Souvent nous n’avons pas plus d’une heure pour tourner une scène, alors on doit se dépêcher. Mais cette vitesse ne compromet pas le réalisme. » Ni le souci du détail, auquel il s’attache depuis ses débuts, dans toutes ses réalisations d'une grande richesse.
Premiers pas, premiers succès
Né à Montréal en 1963, Jean-Marc Vallée a suivi des études de cinéma à l’Université du Québec pour devenir cinéaste. Il affirme ses talents, très tôt, avec trois courts métrages. D’abord Stéréotypes (1992), un film chargé de références cinématographiques. Il poursuit avec deux œuvres plus intimistes,
Les fleurs magiques (1995) et
Les mots magiques (1998) où il explore les relations père-fils. Alors tout jeune cinéaste, il est remarqué au Festival de Sundace, en remportant plusieurs récompenses.
Son premier long-métrage de fiction Liste noire (1995) lui vaut aussi un succès. «
Un thriller érotique sans précédent » selon le magazine
Première, qui qualifie le réalisateur «
d'audacieux ». Distribué dans plusieurs pays, le film a attiré l’attention d’Hollywood, au point de mener le cinéaste aux Etats-Unis.
Ses triomphes hollywoodiens
Il poursuit son travail en tournant plusieurs films à petits budgets. Il faudra attendre dix ans, soit en 2005, avant qu’il ne signe un deuxième-long métrage en langue française
C.R.A.Z.Y. Une fable mystique, à caractère autobiographique, sur l’âme humaine, sur sa beauté, et sa folie. Le réalisateur, influencé par Martin Scorcese, s’inspire de sa propre jeunesse, il y raconte la vie de cinq enfants et de leurs parents.
J'en avais un peu marre de faire les films des autres.Jean-Marc Vallée, réalisateur
Ce projet d’envergure l’oblige à passer à l’écriture de scénario, confie-t-il dans un entretien accordé à
Ciné-Bulle : «
Il y a 10 ans, à la suite de Liste noire, j'ai travaillé à Los Angeles sur un western, Los Locos, puis à New York sur un petit film indépendant, de genre encore une fois, raconte Jean-Marc Vallée
. Tous les scénarios que je recevais à l'époque étaient plus ou moins attrayants. J'en avais un peu marre de faire les films des autres. J'attendais de recevoir le bon scénario, qui n'arrivait jamais. J'ai pris le temps d'écrire quelque chose que j'allais aimer réaliser. C'était le but avoué : écrire un film et avoir du fun à le tourner. J'ai voulu écrire un film ambitieux qui me fasse plaisir. »
Ses films multi-oscarisés
A sa sortie, les critiques sont dithyrambiques. Le film lui vaut la confiance de Martin Scorcese qui l’engage pour la réalisation du long-métrage
Victoria : les jeunes années d’une reine. Ce drame historique avec Emily Blunt est récompensé par trois nominations aux Oscars en 2009. Il enchaîne avec
Wild, également oscarisé. Et dès 2013, un autre film sera acclamé par la critique : le biopic
Dallas Buyers Club. Celui-ci obtient six nominations aux Oscars dont celui du meilleur film. Inspiré d'une histoire vraie, ce long-métrage retrace le combat contre l'industrie pharmaceutique d'un homme de 35 ans diagnostiqué séropositif, alors qu' il ne lui reste que 30 jours à vivre. Côté casting : Matthew McConaughey, Jared Leto, et Jennifer Garner.
Seul
Delimotion, tourné deux ans plus tard et qui raconte la crise d’identité d’un trentenaire veuf, se solde par un échec. Mais Jean-Marc Vallée a aussitôt repris le chemin de la gloire, en réalisant la série
Big Little Lies, qui se poursuit. Elle fera son retour sur nos écrans en 2019.